Les moteurs de la croissance inclusive en Afrique
La croissance de l’Afrique entre 2000 et 2015 s’est classée au deuxième rang des régions du monde pour la rapidité de sa croissance, après l’Asie de l’Est et du Sud, une performance qui a fait renaître un espoir de prospérité. Cependant, le continent s’est également classé au deuxième rang mondial en termes d’inégalités de revenus, après l’Amérique latine. Cette constatation a suscité des préoccupations quant à l’inclusivité de la croissance africaine. Le caractère inclusif de la croissance fait l’objet d’une attention accrue dans les milieux tant universitaires que décisionnels, plusieurs définitions et moyens de mesure étant proposés, ce qui tendrai à révéler un manque d’unanimité en la matière. Les auteurs définissent la croissance inclusive comme une croissance générale des revenus que se partagent tous les membres de la société (c’est-à-dire une croissance qui bénéficie à tout un chacun au sein de l’économie), ou comme une croissance qui réduit les inégalités, ou encore comme une combinaison des deux. L’évaluation de la croissance inclusive en Afrique et l’étude de ses moteurs s’effectuent à un niveau agrégé. Pour les besoins du présent document, le degré d’inclusivité de la croissance africaine a été calculé selon la méthode dite unifiée de mesure de la croissance inclusive. Il ressort des conclusions dégagées par les auteurs que l’Afrique connaît une croissance légèrement inclusive de 0,246. Les résultats des estimations indiquent également que l’investissement, les dépenses publiques, une politique monétaire souple, des institutions financières compétitives et efficientes, une meilleure infrastructure des technologies de l’information et de la communication (TIC) ainsi que des institutions améliorées sont autant de facteurs qui favorisent la croissance inclusive en Afrique. En conformité avec l’hypothèse de convergence conditionnelle qui suggère que les économies plus pauvres ont tendance à croître plus vite que les économies plus riches, les auteurs constatent que le niveau initial du produit intérieur brut (PIB) par habitant peut avoir des effets négatifs et statistiquement significatifs sur la croissance inclusive. Dans l’ensemble, les résultats économétriques attestent l’incidence des politiques macroéconomiques (budgétaires et monétaires), de la qualité des institutions et de la gouvernance, ainsi que des TIC sur la croissance inclusive en Afrique. Il s’ensuit que la promotion d’une croissance inclusive pourrait passer par l’élaboration de politiques macroéconomiques et d’autres interventions en matière de développement. Des recherches complémentaires sont recommandées sur la désagrégation des canaux par lesquels les politiques budgétaires et monétaires affectent la croissance inclusive.