Les conditions économiques et sociales en Afrique du Nord, 2012-2013
En Afrique du Nord, l’année 2013 a été marquée par les effets du ralentissement de la croissance mondiale et par le prolongement des transitions liées aux crises sociopolitiques dans plusieurs pays de la sous-région.
Le ralentissement de l’économie mondiale s’est effectué dans un contexte de poursuite des politiques de rigueur budgétaire dans la plupart des pays développés, de chômage élevé et de contraction de la demande extérieure globale qui s’est traduite par un ralentissement de la croissance de nombreux pays émergents. A l’instar de nombreuses zones en développement, l’Afrique du Nord a subi cette mauvaise conjoncture alors que les défis auxquels elle est confrontée restent aigus.
Ces contraintes exogènes ont réduit les marges de manœuvres existantes pour répondre à ces défis et souligné ainsi la nécessaire réduction de la vulnérabilité de la sous-région aux chocs exogènes, au travers d’une démarche volontariste de diversification aussi bien des partenaires que de l’appareil productif. Au-delà de la sphère externe, dans la plupart des pays d’Afrique du Nord s’est posée la question de la mise en place de politiques contra cycliques, qui dynamisent la demande interne pour soutenir la croissance et pour engendrer une accélération de la création d’emplois de plus en plus qualifiés et de qualité afin de répondre au défis du chômage, notamment celui des diplômés qui reste encore très élevé.
De telles politiques volontaristes risquent de faire peser des contraintes supplémentaires sur les équilibres des finances publiques et leur soutenabilité de long terme. Aussi, le débat a également porté sur la question de leur accompagnement par des réformes des systèmes de subvention et de transferts afin que ceux-ci soient beaucoup plus efficaces et soient les instruments d’une réelle croissance durable et inclusive
Le présent rapport analyse et évalue les évolutions économiques et sociales au cours de l’année écoulée et les perspectives de la sous-région et des pays pour l’année à venir. En particulier, il fournit des données et informations de base sur les politiques récentes de développement, dans le but de susciter un large débat entre les Etats membres, les organisations intergouvernementales et les autres acteurs de développement. Il propose également des recommandations qui seront discutées et complétées par les participants à la XXIXème réunion du Comité Intergouvernemental des Experts(CIE), en vue d’identifier les orientations et mesures les plus adaptées aux défis de développement auxquels font face les pays et la sous-région dans son ensemble.
L’élaboration du rapport a donné la priorité aux données fournies par les Etats Membres sur la base d’un questionnaire établi par le Bureau, communiqué aux Etats membres en octobre 2013 et complété par des données compilées par le Centre Africain des Statistiques de la CEA, d’autres agences du Système des Nations Unies, le Fonds Monétaire International, la Banque mondiale. La diversité des sources ainsi que l’indisponibilité des données pour certaines variables, d’un pays à un autre, nous invitent à repenser le dispositif actuel et à mettre en place ensemble un mécanisme de collecte systématique et régulière des données. C’est une des raisons pour laquelle la CEA a souhaité développer la production régulière de profils pays, dont l'objectif principal est de fournir un nouveau moyen pour produire et diffuser des analyses et des recommandations pour la transformation économique, le renforcement de l'intégration régionale, la planification du développement et de la gouvernance économique; et l’accompagnement des décideurs dans leurs efforts d’atténuation des risques potentiels. Le processus de compilation de ces profils pays impliquera la collecte continue et l'harmonisation des données et informations sur le pays, l'agrégation des indicateurs pour les communautés économiques régionales (CER) et les sous -régions, et l'analyse des tendances pour produire des prévisions opportunes. Un résultat important du processus des profils pays sera donc le renforcement de la capacité des États membres à produire et à diffuser des statistiques de qualité et à jour, ainsi que l'analyse des enjeux, des défis et des réponses apportées conduisant à une planification fondée sur des données probantes et l'élaboration de politiques basées sur les priorités nationales et sous-régionales en matière de développement.
Le rapport est subdivisé en 3 chapitres. Le premier chapitre traite de l’environnement international et régional. Il présente les évolutions majeures survenues en 2013 dans les principales économies et régions du monde. Le deuxième chapitre porte sur l’évolution des principaux agrégats macroéconomiques en Afrique du Nord. Il analyse l’évolution et les prévisions de la croissance, de l’inflation, des taux de change, du commerce extérieur, des investissements et des variables monétaires. Le troisième et dernier chapitre est consacré au développement social et humain et à l’analyse de l’évolution de la situation de l’emploi et des mesures visant à lutter contre les différents défis sociaux auxquels font face les pays de la sous-région. Le rapport conclut avec un récapitulatif des principales conclusions et des recommandations que le Bureau soumet à l’appréciation et à l’approbation du CIE. Les recommandations issues du CIE seront transmises pour approbation finale à la conférence des Ministres africains des finances, de la planification et du développement économique de la CEA.