La planification au service du développement de l’Afrique
Le début de la planification du développement date d’avant l’indépendance et reste une caractéristique durable du processus d’élaboration des politiques. En dépit d’une brève interruption à l’époque des programmes d’ajustement structurel, la dernière décennie a vu une résurgence de la planification du développement et une évolution consistant à passer de l’attention accordée à la réduction de la pauvreté à un renouvellement de l’attention portée à la transformation structurelle de l’économie. Dans un sens, cette évolution de la planification consiste en un retour à la case départ et à un retour à la vision de la transformation structurelle de l’époque qui a fait suite à l’indépendance. En dépit de cette évolution, après plus de 50 annéss de planification du développement, une croissance économique sans exclus, la réduction de la pauvreté et la transformation structurelle de l’économie restent des objectifs de développement éloignés dans la plupart des pays africains. En revanche, la planification du développement a été déterminante dans la réussite de la transformation des économies émergentes, en particulier en Asie. Ceci soulève la question de savoir pourquoi la planification du développement n’a pas été aussi efficace dans la stimulation de la transformation en Afrique et quelles conclusions le continent peut tirer de ses propres expériences ainsi que de celles d’autres pays qui sont parvenus à transformer leurs économies.
La présente étude cherche tant à répondre à ces questions au moyen d’une analyse des expériences de planification du développement dans des études de cas portant sur neuf pays africains1, qu’à compléter cette analyse par une recherche documentaire portant sur d’autres pays pertinents, dont des pays asiatiques2. Les études de cas comprennent une riche palette d’expériences reflétant les différents contextes historiques, économiques et politiques dans lesquels la planification a été effectuée. Deux des pays (le Cabo Verde et les Seychelles) présentent des expériences de petits États insulaires en développement, avec leurs difficultés uniques en leur genre que sont la vulnérabilité aux changements climatiques et la rareté des ressources naturelles. D’autres, comme le Nigéria, offrent une expérience de planification dans un pays africain densément peuplé, riche en ressources pétrolières et doté d’un système fédéral de gouvernance. Le contexte de la planification du développement en Éthiopie est unique en son genre, non seulement parce que le pays n’a jamais été colonisé, mais aussi en raison de son histoire précédente de monarchie. De même, l’Afrique du Sud se distingue des autres pays africains par l’héritage de l’apartheid, par son niveau de développement industriel relativement élevé et par sa richesse en ressources naturelles. Le Ghana représente le cas du premier pays d’Afrique, hors Afrique du Nord, à accéder à l’indépendance. Les neuf études de cas de pays africains ont été complétées par une étude documentaire sur l’Égypte, un pays dont l’expérience de planification en cours a été influencée par le printemps arabe.