État de l’intégration régionale en Afrique V

Vers une zone de libre-échange continentale africaine
État de l’intégration régionale en Afrique V

La coordination interrégionale prend de l’ampleur. Le COMESA, la CAE et la SADC ont tenu en octobre 2008 leur premier sommet tripartite au cours duquel les chefs d’État et de gouvernement des trois CER sont convenus de mettre en place une zone de libre-échange. Cette zone de libre-échange tripartite regroupe 26 pays africains, comptant au total 530 millions d’habitants pour un produit intérieur brut total de 630 milliards de dollars des États-Unis, soit plus de la moitié de la production économique de l’Afrique. Cette initiative a ravivé l’intérêt porté par les responsables africains à un plus grand élargissement de la zone de libre-échange continentale. En conséquence, à leur sixième session ordinaire tenue à Kampala en novembre 2010, les ministres du commerce de l’Union africaine ont recommandé d’accélérer la mise en place d’une zone de libre-échange continentale africaine.

L’un des principaux défis qui se posent aux communautés économiques régionales de l’Afrique (CER) dans la mise en oeuvre de leurs programmes d’intégration est l’appartenance des pays à plusieurs d’entre elles. Prenons le cas du COMESA, de la CAE et de la SADC. La CAE est déjà un marché commun qui a cependant quatre États membres en commun avec le COMESA et un en commun avec la SADC. Cinq États membres de la SADC sont membres de l’Union douanière d’Afrique australe (SACU). Dix pays de la région appartiennent déjà à des unions douanières mais sont toutes engagées dans des négociations visant à créer des unions douanières différentes de celle dont elles sont actuellement membres. Le COMESA et la SADC ont en commun sept membres qui n’appartiennent pas à une union douanière mais préparent tous la création d’unions douanières. Ainsi, des 26 pays membres du COMESA, de la CAE et de la SADC, 17 sont soit dans une union douanière et négocient la création d’une union douanière différente de celle à laquelle ils appartiennent soit en train de négocier la création de deux unions douanières distinctes. Il existe, bien qu’à une moindre échelle, des chevauchements semblables entre les membres des CER en Afrique de l’Ouest et en Afrique du Nord.

L’intensification de l’intégration de l’Afrique va au-delà de l’harmonisation de la composition et des politiques des CER. En effet, les pays africains sont convenus d’un Programme minimum d’intégration (PMI). Le PMI comprend les activités, projets et programmes que les CER ont choisi d’accélérer et de mener à terme dans le cadre du processus d’intégration régionale et continentale. En tant que mécanisme de convergence entre les CER, il privilégie quelques domaines de préoccupation prioritaires aux niveaux régional et continental, dans lesquels les CER pourraient renforcer leur coopération et tirer parti des pratiques optimales en matière d’intégration.