État de l’intégration régionale en Afrique IV

Développer le commerce intra-africain
État de l’intégration régionale en Afrique IV

Le volume des échanges entre pays africains (commerce intra-africain) est demeuré constamment faible, comparativement à celui des échanges de l’Afrique avec les autres continents. La composition des exportations africaines reste fortement tributaire des liens historiques des pays du continent avec le reste du monde. Plus de 80 % des exportations africaines continuent d’avoir pour destinations des marchés situés hors du continent.

Les communautés économiques régionales se sont attelées au développement du commerce en mettant en oeuvre des programmes ayant pour objet de créer une zone de libre-échange, une union douanière et un marché commun. Cependant, les nombreuses initiatives prises dans le domaine de l’intégration régionale et les décennies d’expérimentation en la matière n’ont pas permis en Afrique de parvenir à des volumes significatifs d’échanges entre pays d’une même CER et entre les différents pays du continent.

Les structures de production et d’exportations de la plupart des économies africaines sont orientées vers des produits de base tels que les minéraux, le bois, le café, le cacao et d’autres manières premières, tous produits pour lesquels la demande vient de l’extérieur. La majorité de ces économies est dépourvue de la capacité industrielle de produire des biens manufacturés diversifiés, qui favorisent le commerce sur les marchés régionaux. C’est ainsi que les pays d’Afrique subsaharienne ne disposent que d’un nombre relativement limité de produits pouvant faire l’objet d’un commerce entre eux.

L’insuffisance des infrastructures demeure l’un des grands obstacles au commerce intra-africain, aux investissements et au développement du secteur privé. La mise en oeuvre de programmes visant à construire des réseaux de transports et de communications, à mettre en valeur les ressources énergétiques et à favoriser la diffusion des technologies de l’information permettrait d’accélérer le développement des échanges et de transformer l’Afrique en un continent attrayant pour les investissements.

Les conséquences du faible volume des échanges intra-africains sont multiples et profondes. De nombreuses possibilités ne peuvent être mises à profit pour s’appuyer sur le commerce et améliorer ainsi les perspectives de spécialisation entre pays africains et celles d’une accélération du développement et de l’intégration du continent. Le commerce intra-africain peut engendrer le développement et une intégration dynamique des sous-régions de l’Afrique. Il constitue un puissant moteur qui peut permettre de stimuler la croissance et de parvenir à la maturité économique. La question fondamentale reste, dès lors, de savoir comment remédier à la situation actuelle, afin que les pays du continent puissent tirer parti de l’accroissement des échanges intra-régionaux.

Dans la présente quatrième édition du rapport sur l’Évaluation de l’intégration régionale en Afrique, un effort est fait pour traiter de ces questions pressantes. Une analyse empirique générale du commerce intra-africain est entreprise pour déterminer les raisons pour lesquelles ce commerce est demeuré constamment faible tout au long des dernières décennies. Le rapport contient des recommandations concrètes à l’adresse des États membres, des CER, du secteur privé et des autres parties prenantes au développement de l’Afrique. Diverses questions se rapportant aux politiques à mettre en oeuvre sont également analysées, de même que d’autres facteurs qui ont eu une incidence fâcheuse sur le commerce intra-africain, même si ces questions ont pu être abordées ailleurs.