Note conceptuelle

 

1. Contexte

Malgré le  ralentissement de l’activité économique dans le monde, les économies africaines ont enregistré un bon taux de croissance au cours de la dernière décennie, taux qui devrait se maintenir à 5,3% en 2014 (AEO, 2013). Mais encore faut-il que la richesse générée par cette croissance économique s’étende à la majorité pauvre qui, pour ses moyens de subsistance, dépend essentiellement des secteurs sensibles au climat tels que l’agriculture et la pêche. Incapable de satisfaire les besoins d’une population croissante, l’agriculture africaine abandonne près de 300 millions de personnes à une faim permanente, ce qui oblige le continent à importer pour plusieurs milliards de dollars de produits alimentaires par an. Le changement climatique ne manquera pas de rendre encore plus difficile la solution du problème dans la mesure où il entraîne des perturbations dans les systèmes de production, l’environnement, et la biodiversité sur laquelle s’appuie les systèmes de production alimentaire. D’après le 5ème Rapport d’évaluation du Panel intergouvernemental sur le changement climatique (IPCC), une hausse de température au-delà de 20C pourrait aggraver la situation de déficit alimentaire actuel du continent, ce qui aurait pour conséquence d’empêcher la majorité des pays africains d’atteindre un des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), celui de réduire l’extrême pauvreté et éradiquer la faim à l’horizon 2015. L’Afrique doit donc examiner les options susceptibles de transformer les changements climatiques en opportunités notamment celles qui participent de l’amélioration de la performance agricole et qui augmentent la capacité de réduire généralement la pauvreté tout en assurant la sécurité alimentaire pour tous.

L’Afrique est capable d’inverser ce scénario permanent de déficit alimentaire et relever le défi. Avec les vastes étendues de terres cultivables (dont 60% sont inutilisées) et les non moins nombreuses réserves d’eaux douces dont dispose le continent, l’Afrique peut transformer ses systèmes de production agricoles. En amenant les populations à s’approprier les informations et les connaissances sur le changement climatique, les paysans africains seront capables de produire de la nourriture non seulement pour eux-mêmes, mais ils pourront même en faire une activité commerciale et une source de revenu. L’utilisation des connaissances climatologiques permettra de réduire les pertes liées au problème de stockage, au coût élevé du transport et à la mauvaise organisation en ce qui concerne la transformation et le commerce de détail. A y regarder de plus près, les chaines de valeurs agricoles, l’entreprenariat rural et les TIC pourraient aussi créer des opportunités d’emplois lucratifs dans les zones rurales et réduire ainsi le taux d’exode rural des jeunes vers les centres urbains. Attirer les jeunes et les inciter à maintenir leur engagement dans la chaine de valeur agricole est une condition essentielle à l’amélioration des performances de l’agriculture et de sa durabilité, dans la mesure où les futurs paysans seront composés en majorité de personnes plus jeunes. 

Pour que l’Afrique soit capable de se nourrir elle-même maintenant et dans le futur, il faudra investir davantage sur la recherche en changement climatique, en biotechnologie et développement et en innovation. Qui plus est, il faudra rendre la technologie accessible et abordable pour les paysans, multiplier les opportunités d’accès facile au financement et à l’assurance agricoles, faciliter les marchés et le commerce à tous les niveaux et créer les conditions propices aux investissements du secteur privé dans la chaine de valeur agricole. Toutefois, la performance agricole ne saurait s’améliorer sans investir dans l’énergie propre et efficace, moteur de toute transformation de la chaine de valeur de l’agriculture et des produits alimentaires sans augmentation des niveaux d’émission de gaz à effet de serre. Il est également important de mieux comprendre le lien entre agriculture, énergie et eau et comment l’Afrique peut tirer parti des écosystèmes et du capital naturel pour réaliser son autosuffisance alimentaire.

L’agriculture restera le principal moteur de croissance économique en Afrique avec pour responsabilité première de fournir des opportunités d’emploi à une population sans cesse croissante et à dominante jeune. Ainsi, la chaine de valeur agricole présente des points d’entrée et des pistes multiples pour amener le programme de transformation de l’Afrique vers une économie verte et un développement à faible émission de carbone. Les quatre sous-thèmes de la CCDA-IV approfondiront les analyses sur la chaine de valeur agricole tendant à revigorer la productivité et assurer la sécurité et l’autosuffisance alimentaires sur le continent. En même temps, les sous-thèmes identifient des domaines stratégiques d’alignement de la chaine de valeur agricole et de propulsion de l’Afrique vers un développement vert et à faible teneur en carbone. Les délibérations de la conférence sur l’économie verte s’attacheront donc à rassembler les éléments saillants des sous-thèmes.

Le Programme « ClimDev-Africa » organise la CCDA-IV dans le cadre des efforts permanents qu’il déploie pour promouvoir l’utilisation des connaissances sur le changement climatique à relever la performance agricole dans un contexte de changement climatique et à maintenir un rythme de croissance économique qui permettra à l’Afrique d’assurer son autosuffisance alimentaire et d’éradiquer la pauvreté. La CCDA-IV mettra l’accent sur les voies et moyens permettant à l’Afrique d’assurer l’autosuffisance alimentaire pour ses populations et maintenir sa croissance malgré les défis liés au changement climatique. Elle établira comment utiliser les informations climatologiques disponibles, les technologies à énergie propre, l’innovation, la recherche et le développement pour améliorer la performance agricole et réaliser la transformation structurelle de l’économie.

Par ailleurs, la conférence créera une plateforme pour partager les expériences, traiter les défis émergents liés au climat, tirer parti des nouvelles connaissances et explorer les opportunités inhérentes au changement climatique susceptibles d’améliorer la chaine de valeur agricole et partant, assurer la sécurité alimentaire maintenant et dans le futur.

La conférence porte sur le thème : « L’Afrique peut désormais nourrir l’Afrique : traduire les connaissances sur le climat en actions » Ce thème est d’autant plus pertinent que l’Union Africaine célèbre 2014 comme l’Année de l’Agriculture  et de la Sécurité alimentaire.

La CCDA-IV se tiendra du 8 au10 octobre 2014, à Marrakech au Maroc.


2.
Objectifs du CCDA-IV

2.1 Objectif global du CCDA-IV

Créer une plateforme de délibération sur la manière dont l’Afrique peut utiliser les connaissances climatologiques pour transformer les systèmes de production agricole en vue d’assurer son autosuffisance alimentaire aujourd’hui et demain et ainsi améliorer le bien-être socioéconomique de ses populations.

2.2 Objectifs spécifiques

  1. Comprendre le rôle des services de données et d’informations climatologiques et des connaissances sur le changement climatique dans la transformation et la gestion des risques et opportunités à travers la chaine de valeur agricole.
  2. Examiner les implications des tendances climatiques et des prévisions récentes pour les systèmes de production agricoles et les infrastructures associées.
  3. Mieux comprendre l’importance du capital naturel et des services écosystémiques pour la performance et la durabilité de l’agriculture.
  4. Identifier les problèmes de financement et de technologie ainsi que les opportunités de réalisation des chaines de valeurs agricoles résistantes au climat.
  5. Renforcer les recommandations de la CCDA3 et les frontières de la recherche sur le climat telles qu’identifiées par le Climate Research for Development (CR4D) lors de la conférence africaine sur le climat de 2013 (ACC2013) (Climate Conference 2013).


3.
Productions et résultats attendus du CCDA-IV

3.1 Productions

  • Note sommaire sur la conférence
  • Rapport de la conférence
  • Documents d’orientation politique
  • Des publications sur Internet
  • Des publications quotidiennes
  • Des communiqués de presse
  • Les délibérations du CCDA-IV revues par les paires

3.2       Résultats

  • La nécessité de collecter des données climatologiques, de générer des informations et des connaissances et de rendre ces connaissances d’accès facile, afin de permettre à l’Afrique de se nourrir elle-même face au changement climatique, évaluée de manière plus pointue.
  • Les tendances récentes du changement climatique et leurs implications pour la production et le développement agricoles en Afrique mieux comprises.
  • La connaissance sur les liens entre nourriture, énergie, eau et les écoservices dans la chaine de valeur agricole est plus affinée.
  • L’accent est d’avantage mis par les gouvernements africains et les partenaires sur  l’investissement et les partenariats dans la recherche sur le climat pour le développement.
  • La connaissance sur les opportunités de développement d’une énergie propre est plus affinée.
  • La connaissance des négociateurs africains dans le processus CCNUCC sur l’amélioration de la production agricole est plus pointue.
  • Des recommandations concrètes en vue d’éclairer les négociations devant aboutir au COP21.
  • Les effets du changement climatique sur les interdépendances rurales et urbaines sont mieux cernés et mieux compris.
  • Des recommandations sur les voies et moyens de traduire les connaissances en actions permettant de relever la performance de l’agriculture en Afrique et assurer sa sécurité alimentaire.


4.  
Sous-thèmes du CCDA-IV

Sous-thème I:     Améliorer et tirer parti des données, informations et connaissances climatologiques pour la production agricole, la gestion des ressources en eau et la sécurité alimentaire en Afrique.

Sous-thème II:   Les opportunités agricoles pour le développement des énergies renouvelables en Afrique.

Sous-thème III:  Renforcer la capacité de l’Afrique à mobiliser, à accéder et à mettre en œuvre les financements dédiés au climat, pour le développement agricole.

Sous-thème IV:  L’innovation et la technologie au service de la transformation agricole dans un contexte de changement climatique.

Sous-thème I:  Données, informations et connaissances climatologiques au service de la production agricole, de la gestion des ressources en eau et de la sécurité alimentaire

L’agriculture est l’un des secteurs les plus importants en Afrique, car elle contribue pour près de 30% du PIB, 50% du total des exportations, et emploie plus de 70% de la population dans la plupart des pays africains non-exportateurs de pétrole. Le secteur est cependant vulnérable à la variabilité et au changement climatique, car il dépend essentiellement des pluies. Les Modèles de Circulation Générale (MCG) prédisent également une augmentation de température dans la région Afrique qui ne manquera pas d’avoir un impact négatif sur la production agricole du continent. Les effets du changement climatique sont plus sévères en Afrique, dans la mesure où le continent a une capacité d’adaptation plus faible résultant d’une capacité institutionnelle, économique et financière tout aussi faible. Il est crucial de comprendre les effets potentiels du changement climatique actuel et prévisible sur l’agriculture africaine et d’identifier les voies et moyens d’adaptation et de mitigation de ses effets nuisibles, afin d’améliorer la performance et la durabilité de l’agriculture. Il est également important de comprendre le rôle des écosystèmes, du capital naturel et la gestion efficiente des ressources en eau agricoles en vue d’améliorer la productivité agricole. Pour ce faire, les pays africains doivent adopter et développer des politiques agricoles tendant à renforcer la gestion des ressources hydriques agricoles tout en tenant compte des besoins des écosystèmes, afin de rendre l’agriculture inclusive et capable d’absorber les prévisions d’impacts du changement climatique.

Ces dernières années, l’accent à été mis à juste titre sur l’amélioration des données et informations climatologiques en Afrique par la mise à niveau des réseaux d’observations, le sauvetage des anciennes archives et par le rapprochement des rares observations aux produits télédétectés et à ré-analyser. Les données et informations climatologiques plus affinées pourraient être à nouveau analysées et conditionnées selon les normes de référence de la climatologie, des bases de connaissance et des instruments d’appui à la prise de décision spécifiques aux conditions climatiques prévalant en Afrique. Le conditionnement et la traduction des données climatologiques disponibles en informations utiles, les rendre d’accès facile aux usagers finaux et la mise à niveau des services peuvent contribuer de manière significative à la réduction des risques et des incertitudes inhérentes au changement climatique. L’affinage des informations climatologiques induira une meilleure gestion des ressources hydriques de l’agriculture, la semence et la récolte au bon moment, le stockage, la transformation et le transport vers les marchés. Les bases de connaissance sur le climat et les instruments d’appui à la décision fournissent des preuves scientifiques sur le climat et qui contribuent à l’élaboration de politiques et à la prise de décision dans les secteurs agricoles et autres secteurs de développement ainsi que sur les options d’adaptation plausibles et les voies alternatives de développement résistantes au climat en Afrique.

Les populations rurales et urbaines seront toutes deux impactées par les climats extrêmes puisque les communautés urbaines dépendent des zones rurales pour leur approvisionnement en produits alimentaires ; elles peuvent donc être affectées par la hausse des prix consécutive à des déficits de production de produits agricoles. Par conséquent, il est indispensable de résorber le fossé qui sépare la zone rurale et la zone urbaine et de renforcer les liens entre ces communautés, en vue de (i) relever la performance agricole, (ii) prévenir et gérer les risques, (iii) réduire la vulnérabilité, et (iv) construire un secteur agricole résistant au climat et capable de produire assez pour l’Afrique et plus pour alimenter les marchés avec des excédents. Par ailleurs, les paysans des zones rurales devraient avoir un accès direct aux marchés urbains, afin d’augmenter les revenus tirés des produits agricoles et inciter à des migrations vers des cultures ou un élevage à plus haute valeur commerciale.

Ainsi, ce sous-thème s’attache à évaluer les implications des tendances récentes des effets du climat sur la production agricole de l’Afrique et à encourager l’utilisation de telles informations pour éclairer les décideurs de politique sur les priorités en matière d’investissement. Il s’efforce à encourager le meilleur usage possible des opportunités induites par le changement climatique, pour adapter l’agriculture africaine à la variabilité et au changement climatique et relever la performance agricole de sorte, qu’à terme, l’Afrique puisse se nourrir elle-même. Ce sous-thème analysera plus en profondeur les possibilités de mettre, en temps opportun, les informations climatologiques à la disposition des utilisateurs finaux – c’est-à-dire le paysan au niveau local. Il se propose de provoquer un dialogue entre les décideurs de politique et d’autres parties prenantes sur les voies et moyens de réduire le fossé actuel entre zone rurale et zone urbaine. Enfin, il examinera les possibilités de renforcement des liens à travers la chaine de valeur agricole et l’impact de l’exode sur la production et la sécurité alimentaires.

Ce sous-thème regroupera les sujets suivants :

Sujet 1.1:    Renforcer la capacité de gestion des connaissances climatologiques, de prévision et de projection ainsi que d’alerte avancée et de gestion des catastrophes dans le secteur agricole.

Sujet 1.2 :   Les effets et tendances du climat dans les systèmes de production agricoles : alternatives pour renforcer la réactivité par un accès opportun à l’information à tous les niveaux.

Sujet 1.3 :   Rendre l’Afrique capable de se nourrir elle-même de manière durable, en tirant parti des écosystèmes et du capital naturel.

Sujet 1.4 :   Options de politique et mesures susceptibles de réduire l’écart entre zone rurale et zone urbaine, et mitiger les vulnérabilités au changement climatique.

Sous-thème II : Opportunités agricoles de développement et d’utilisation des énergies renouvelables en Afrique

L’accès aux services énergétiques est l’une des principales contraintes au développement économique en Afrique. La sécurité alimentaire, objectif ultime et préalable indispensable à la réalisation d’un développement transformateur, ne peut être atteinte sans énergie suffisante. Seulement 31% environ des populations africaines au sud du Sahara ont accès à l’électricité, le taux n’est que de 14% dans les zones rurales où l’agriculture est le principal employeur. L’énergie est le moteur de la production agricole, de la transformation et de l’addition de valeur. Elle est également la force motrice derrière le développement des transports, du commerce et de la consommation. Or, l’insuffisance énergétique et l’accès limité à l’énergie générée sont responsables en très grande partie de la pauvreté perpétuelle en Afrique. Nombreux sont les experts qui estiment que le déficit énergétique du continent peut être convenablement résorbé par la promotion et le  développement de l’énergie verte. Les effets du changement climatique sur les systèmes d’énergie renouvelable (notamment l’énergie hydroélectrique) sont plus marqués, car ils affectent les écoulements hydrologiques et l’allocation des ressources hydriques variables et rares à des utilisateurs finaux en concurrence. Il est nécessaire, compte tenu du caractère complexe de la gestion des risques/avantages du changement climatique dans le secteur énergétique et, sur un plan plus général, de la compétition qui caractérise les différents usages faits de l’eau, de mener une campagne de sensibilisation, d’intégrer systématiquement le changement climatique dans les politiques énergétiques et de coordonner la planification sur la base du lien entre eau, nourriture et énergie.  Il faut donc corréler la question de la sécurité alimentaire en Afrique à la sécurité énergétique et à l’approvisionnement en eau et par rapport à leur lien avec la productivité agricole et les écosystèmes dans le contexte du changement climatique.

Des innovations sont à envisager pour les ressources forestières et en biocarburants puisqu’elles ont un impact sur la productivité agricole. D’autant plus que plus de 80% des populations africaines dépendent de la biomasse comme principale source d’énergie, et la demande pour les ressources forestières n’est guère en baisse (CENUA, 2014). La pression exercée par cette demande croissante sur les ressources forestières requiert la mise en place d’un cadre amélioré de gestion, des données plus fiables sur les stocks de forêts ainsi qu’une stratégie et une politique globales de gestion de la biomasse. Par ailleurs, il faudrait étudier à fond en Afrique le développement des biocarburants et leurs effets potentiels sur l’agriculture.

En dernière analyse, les technologies énergétiques ont un effet bénéfique direct sur la sécurité alimentaire et renforcent l’efficacité à travers toute la chaine de valeur agricole. Le déploiement efficace des technologies énergétiques tout le long de la chaine de valeur agricole requiert donc la mise en œuvre des meilleures pratiques et technologies ainsi que l’élaboration de politiques susceptibles de prendre en charge les liens entre technologie énergétique et la sécurité alimentaire.

Les délibérations sur le Sous-thème porteront principalement sur les sujets suivants :

Sujet 2.1 :   Comprendre le lien entre eau, nourriture et énergie dans le contexte du changement climatique.

Sujet 2.2 :   Tirer parti des opportunités offertes par les technologies d’énergie renouvelable dans la chaine de valeur agricole.

Sujet 2.3 :   Bioénergie et biocarburants : défis et opportunités pour la sécurité alimentaire.

Sous-thème III : Renforcer la capacité de l’Afrique à mobiliser et à accéder aux financements et investissements dédiés au climat, pour transformer l’agriculture en une agriculture résistante au changement climatique 

La résistance de l’agriculture africaine dans le contexte du changement climatique requiert, entre autres, des politiques et des stratégies permettant d’accéder aux financements et de renforcer les investissements dans le secteur. Le financement dédié au climat constitue l’un des mécanismes permettant d’exploiter les opportunités liées au changement climatique, pour s’adapter et mitiger les effets du changement climatique. Des stratégies et incitations visant la réduction des émissions provenant des forêts et l’augmentation des stocks de carbone tels que le CDM, le REDD+ ainsi que le Green Climate Fund (GCF) (ou fonds vert) sont apparus comme les principaux mécanismes de financement internationaux dans le cadre de la CCNUCC. Cependant, l’accès aux mécanismes internationaux de financement et la capacité de l’Afrique à participer aux marchés du carbone a été limités pour plusieurs raisons. Ainsi, de tous les projets enregistrés sous le CDM, l’Afrique n’a réussi à en obtenir que les 2%. Il en ressort donc que l’Afrique doit renforcer sa capacité d’accession et d’absorption des fonds provenant de sources extérieures et de création d’un environnement propice aux investissements du secteur privé.

L’agriculture offre également un potentiel de mitigation du changement climatique par la séquestration du carbone. Le CO2 séquestré par an dans ce secteur est estimé à 6 milliards de tonnes équivalent  CO2 dont les 70% se trouvent dans les pays en développement. Or le Protocole de Kyoto a négligé la séquestration du carbone dans l’agriculture, ce qui rendait celle-ci inéligible au financement dédié au climat malgré sa capacité potentielle à générer des opportunités additionnelles en termes de sources de revenus pour les paysans. Aussi les dirigeants africains avec les dirigeants de quelques autres pays en développement ont-ils plaidé pour l’inclusion du secteur agricole dans les financements internationaux dédiés au climat. Ils ont appelé à la mise en place d’urgence d’un mécanisme destiné à évaluer et à valoriser la séquestration du carbone agricole. Ces négociations devraient se poursuivre dans le cadre des négociations internationales en cours sur les financements dédiés au climat, tout en s’efforçant de renforcer la capacité du continent à accéder aux fonds déjà disponibles pour financer l’adaptation et la mitigation du changement climatique  et celle des pays africains à absorber les fonds dédiés au climat. L’amélioration de la performance agricole et de la sécurité alimentaire en Afrique passent aussi par l’élaboration de mécanismes locaux de financement innovants et la création d’un environnement propice aux investissements du secteur privé dans le secteur agricole.

Ce sous-thème aborde donc les questions relatives aux financements dédiés au climat dans les négociations, le renforcement de la capacité de l’Afrique à accéder aux fonds internationaux dédiés au climat, l’élaboration de mécanismes locaux de financement efficaces et la création d’un environnement propice à l’implication du secteur privé dans le secteur agricole. Le sous-thème créera des occasions pour partager les expériences des uns et des autres en matière d’élaboration et de mise en œuvre des politiques nationales sur le changement climatique et de stratégies d’accès aux financements dédiés au climat y compris l’accès aux financements par le biais du Global Alliance on Climate Smart Agriculture. Il sera abordé, par ailleurs, le rôle du genre et du secteur privé dans le renforcement de la capacité de l’Afrique à mobiliser, à accéder à et à mettre en œuvre les financements dédiés au climat.

Globalement, les sujets de discussions dans le cadre du Sous-thème III porteront sur :

Sujet 3.1 :   Quelles alternatives pour renforcer la capacité de l’Afrique à accéder aux mécanismes de financements dédiés au climat, et assurer la transformation agricole

Sujet 3.2 :   L’agriculture  dans le cadre des négociations CCNUCC : Quelles  opportunités pour l’Afrique ?

Sujet 3.3 :   Mécanismes de financement (ex. REDD+, GCF, régimes d’assurance, financement privé).

Sujet 3.4 :   Le renforcement des financements et des investissements du secteur privé dans une agriculture résistante au changement climatique.

Sous-thème IV : Innovation, transfert de technologies et déploiement en vue de renforcer la transformation agricole dans le contexte du changement climatique

En Afrique, des millions de ruraux dépendant de l’agriculture rencontrent des obstacles techniques, économiques, sociaux, culturels et traditionnels, pour améliorer leurs moyens de subsistance. Face à cette situation, ils ont eu recours au savoir et à l’innovation des locaux à travers l’expérimentation et l’adaptation locales. Le savoir local seul n’est toutefois pas suffisant pour résoudre les problèmes complexes confrontant le secteur agricole. Des problèmes émergents tels que le changement climatique requièrent un complément d’innovation, des technologies qui s’appuient sur la science et des politiques d’accompagnement. Les progrès scientifiques et l’innovation sont donc des facteurs essentiels pour la transformation de l’Agriculture africaine. Dans ce contexte, d’immenses efforts ont été consentis au cours de la dernière décennie pour développer des variétés de cultures résistantes à la sècheresse, à rendement élevé et résistantes aux insectes nuisibles et aux maladies; la biotechnologie et d’autres technologies agricoles grâce aux partenariats public/privé et aux institutions internationales de recherche.

Néanmoins, la capacité potentielle de ces technologies agricoles et innovations existantes à améliorer le bien-être économique et à renforcer la sécurité alimentaire  des petits paysans est largement sous-utilisée dès lors que la plupart de ces technologies et réalisations à partir de la recherche restent dans les centres de recherche, elles sont peu connues des paysans qui ne les utilisent pas. En outre, les institutions publiques de recherche manquent de ressources pour diffuser, distribuer et faire adopter les productions de leurs recherches dans les zones rurales. L’adoption des nouvelles technologies est limitée par le coût élevé des intrants et certains risques qui font que la plupart des petits paysans sont peu enclins à les adopter. Les TIC peuvent également jouer un rôle important dans l’amélioration de la productivité du secteur agricole, en fournissant en temps opportun l’appui à la décision et des informations climatologiques aux utilisateurs finaux. Les TIC utilisent des plateformes telles que les réseaux de téléphonie mobile et les radios rurales, pour relayer cette information. Or, les TIC ne sont pas complètement intégrées dans les stratégies agricoles nationales en Afrique. De ce fait, la majorité des initiatives sur les TIC sont utilisées dans des petits projets pilotes et ne ciblent pas les objectifs des politiques globales de développement agricole.

Ce sous-thème passera donc en revue les innovations technologiques existantes y compris les TIC dont on peut tirer parti et faire en sorte que les effets du changement climatique puissent augmenter la production agricole, renforcer la sécurité alimentaire et transformer la chaine de valeur agricole.

Les sujets suivants seront examinés dans le cadre de ce sous-thème.

Sujet 4.1 :   La recherche et les innovations agricoles avec un accent particulier sur le développement à faible teneur en carbone.

Sujet 4.2 :   Le renforcement des politiques et du financement pour le développement et le transfert des technologies vertes vers l’agriculture.

Sujet 4.3 :   Quelles alternatives pour renforcer l’utilisation des TIC dans la diffusion des informations climatologiques tout le long de la chaine de valeur agricole.


5.   O
rganisation de la conférence

La CCDA-IV se déclinera en dialogue de haut niveau, en sessions plénières, en sessions concomitantes, en pré-événements, en événements parallèles et en post-événements. Une personnalité éminente prononcera des discours-programmes sur les défis et les opportunités du changement climatique et ses implications pour la sécurité alimentaire. Les présentations des premiers orateurs et de plusieurs experts porteront sur les analyses contextuelles permettant d’atteindre l’objectif fondamental. La conférence réservera des rôles prépondérants aux Organisations de la société civile (OSC), à celles s’occupant du genre, à la jeunesse et aux paysans.

La première journée de la conférence sera consacrée à une session plénière de haut niveau au cours de laquelle des ministres et d’éminents spécialistes se pencheront sur le thème pour donner le ton des débats. Cette session sera suivie par les orateurs qui vont introduire les discussions en plénière sur chaque sous-thème. Une session plénière sur les perspectives pour l’économie verte, un des quatre sous-thèmes, marquera la fin de la première journée. Les participants auront l’occasion de s’adresser aux panélistes et aux présentateurs des sessions pour approfondir les points soulevés dans les présentations.

Pour ouvrir l’espace à des discussions approfondies sur les sujets spécifiques portant sur le changement climatique et le développement identifiés dans les sous-thèmes, la deuxième journée sera consacrée à cinq sessions parallèles. Un expert sélectionné pour chaque sous-thème servira de modérateur pour les présentations PowerPoint adaptées à chaque sujet.

5.1 Pré-événements 

Un forum pré-événement sera organisé pour débattre du rôle de l’intégration régionale et de la libéralisation du commerce pour la sécurité alimentaire en Afrique, ainsi que des questions relatives au genre et à l’urgence de la mécanisation de l’agriculture des petits paysans.

5.2 Evénements en marge 

  1. Evénement en marge du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE)
  2. Evénement en marge du Network of Africa Science Academies (NASAC)
  3. Discussions de Climate Change National Focal Point
  4. Genre, jeunesse et changement climatique (en collaboration avec la Social Development Policy Division (SDPD)) de la CEA                 
  5. Lien entre changement climatique, agriculture, commerce et énergie
  6. Le rôle des media dans la communication sur les effets du climat et les options d’adaptation
  7. Le rôle des paysans africains dans les initiatives locales d’adaptation
  8. La vulnérabilité de la production agricole dans les Petits Etats insulaires en développement (PEID) d’Afrique
  9. Renforcement des capacités pour le changement climatique (C3D+) (impliquer les différents partenaires nationaux et internationaux dans ce programme).
  10. Eclairage sur le partage des enseignements entre pays pilotes africains  

 5.3 Exposition

Une exposition d’affiches en marge de la conférence sera l’occasion de montrer, de créer un réseautage et d’échanger des points de vues sur les options en et hors d’Afrique pour traduire les connaissances climatologiques en actions, en vue de transformer l’agriculture en une agriculture résistante au changement climatique et capable d’absorber les chocs climatiques.