IFF Contexte
1. Les flux financiers illicites en provenance de l’Afrique sont devenus un sujet de grande préoccupation en raison de leur ampleur et de leurs effets négatifs sur le développement et la gouvernance en Afrique. D’après certaines estimations, ils pourraient atteindre 50 milliards de dollars américains par an, soit près du double de l’aide publique au développement (APD) que reçoit le continent. Mais en fait, ces estimations pourraient être en deçà de la réalité, puisqu’on ne dispose de données précises ni sur l’ensemble des transactions en cause ni sur tous les pays africains concernés.
2. Les flux financiers illicites ont pour effets, entre autres, d’épuiser les réserves de change, de réduire les recettes fiscales, d’annuler les apports d’investissement et d’aggraver la pauvreté. Ces sorties illicites de capitaux, qui portent atteinte à la primauté du droit, restreignent les échanges et aggravent la situation macroéconomique, sont facilitées par quelque 60 paradis fiscaux internationaux et des pays où la loi sur le secret bancaire permet de créer et d’exploiter des millions de sociétés déguisées, de sociétés écrans, de comptes fiduciaires anonymes et de fondations caritatives factices. Autres techniques utilisées : le blanchiment d’argent et la tarification de cession interne.
3. Les données préliminaires indiquent qu’en prenant rapidement des mesures pour freiner les flux financiers illicites en provenance de l’Afrique, on pourrait dégager d’importantes ressources pour financer les programmes de développement à court terme du continent. Pour y parvenir, il est essentiel d’adopter des lois, des règlements et des politiques favorisant la transparence dans les transactions financières. En outre, les pays africains doivent s’associer au G-20 pour appeler à une plus grande transparence et un contrôle plus strict des banques internationales et des centres financiers offshore qui facilitent ces flux.
4. C’est dans ce contexte qu’a été organisée, à la troisième réunion annuelle conjointe de la Conférence des ministres de l’économie et des finances de l’Union africaine et de la Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique de la CEA, tenue à Lilongwe (Malawi) en mars 2010, une table ronde pour sensibiliser les responsables politiques à la question. Après avoir examiné les enjeux, les participants ont exhorté la CEA et la Commission de l’Union africaine (CUA) à être le fer de lance d’initiatives visant à combattre les flux financiers illicites en provenance de l’Afrique.
5. C’est ainsi que la quatrième réunion annuelle conjointe de la Conférence des ministres de l’économie et des finances de l’Union africaine et de la Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique de la CEA a adopté la résolution L8 portant création d’un groupe de haut niveau sur les flux financiers illicites.