AEC 2010 - Contexte
Même si le pire de la crise économique et financière mondiale semble désormais derrière nous, plusieurs défis demeurent. Depuis le milieu de l'année 2009, les économies développées ont commencé leur reprise car les efforts concertés pour éviter une crise prolongée ont commencé à porter leurs fruits. En effet, les pays développés ont commencé à croître, mais les effets de la crise se font encore sentir, notamment dans les pays en développement, où les pauvres ont été particulièrement touchés. Alors que les marchés financiers sont désormais généralement sur la voie du redressement, les effets sur l'économie réelle persisteront un certain temps.
En Afrique, les effets de la crise sur les flux de capitaux, les quantités et les prix des exportations, les transferts de fonds et le tourisme ont eu une grande portée. La crise a aussi entraîné la déprime des marchés financiers, le retard d'émission d'obligations souveraines et la dépréciation des monnaies locales. Les pays africains ont été confrontés à une réduction significative du crédit et une augmentation des primes de risque sur le marché mondial des capitaux. Cela a eu un effet très négatif sur les IDE (Investissements Directs Etrangers) à destination de l'Afrique avec des conséquences désastreuses pour la croissance et les efforts de réduction de la pauvreté. Les perturbations causées par le tarissement de ces sources traditionnelles de financement a été aggravée par la réduction observée des transferts de fonds des travailleurs et le déclin probable de l'APD (Aide publique au développement).
La crise menace de renverser la tendance de l'investissement privé et met en péril les gains liés aux bons résultats économiques enregistrés depuis 2000. La crise a conduit à une augmentation du chômage en particulier dans les secteurs minier, manufacturier et de la construction, mettant les jeunes et les plus vulnérables face au risque de tomber dans la pauvreté. Sans efforts délibérés pour inverser ces tendances, les progrès vers la réalisation des OMD vont être bloqués.
La crise a considérablement changé le paysage du développement de l'Afrique. Alors que la période qui a suivi la crise est caractérisée par le défi de retrouver les niveaux de croissance d'avant la crise, le continent doit y parvenir dans un environnement moins favorable. Les économies africaines qui produisent du pétrole ne reçoivent plus la manne des années précédant la crise, les investisseurs étrangers sont devenus prudents et la reprise dans le monde développé demeure encore très faible, avec en conséquence, des effets négatifs sur la demande d'exportations africaines.
Les pays africains ont demandé aux institutions financières internationales, principalement les institutions de Bretton Woods et la BAD (Banque africaine de développement), de les aider à faire face à la crise. Plusieurs fonds spéciaux ont été créés pour le commerce et les liquidités d'urgence, et les procédures de décaissement ont été accélérées. Ceci a bien aidé à éviter une récession économique. Avec l'affaiblissement de la crise, les pays africains ont désormais besoin de ressources suffisantes pour poursuivre la lutte contre la pauvreté et combler le fossé des infrastructures.
En réponse à la crise, la BAD et la CEA (Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique) ont rapidement réorganisé leur capacité à fournir un appui analytique et stratégique aux pays africains. Ils ont cherché des solutions pour réduire et atténuer les effets de la crise. Ils ont organisé la Conférence économique africaine 2009 sur ce sujet comme un moyen de stimuler le débat sur les réponses politiques appropriées face à la crise. Tout au long de la Conférence, il est apparu le défi majeur en Afrique aujourd'hui est de préserver les fondements de la croissance et augmenter les possibilités de croissance après la crise. Ces questions nécessitent des consultations et un débat professionnel entre les chercheurs, les décideurs et les praticiens du développement, de manière à recevoir leur avis sur l'amélioration des politiques au niveau national et régional.
La Conférence économique africaine offre cette opportunité de consultation et de débat sur la politique de développement. La Conférence est maintenant bien connue comme étant une plate-forme de discours professionnel et de débat qui vise à relever les défis du développement de l'Afrique, rassemblant des chercheurs, des décideurs et des praticiens du développement. La cinquième édition de la Conférence se tiendra à Tunis, en Tunisie du 27 au 29 Octobre 2010.