Il n'y avait de place que lorsque se sont réunis au Le Centre de conférences de IFEMA à Madrid, qui accueillait les ministres, diplomates, militants et journalistes pour marquer la Journée de l’Afrique lors de la COP 25 sur le climat, a fait salle comble.
Les orateurs appellent à un front uni pour relever les défis du changement climatique en Afrique.
Dans la déclaration d’ouverture lors de la Journée de l’Afrique, ce mardi, Yasmin Fouad, Ministre égyptien des affaires environnementales, au nom de l’Union africaine, déclare : « Nous avons et continuerons de nous engager et de rechercher des terrains d’entente sur les questions en suspens. Mais nous devons exprimer notre inquiétude face à la réticence apparente de nos interlocuteurs à aborder les questions prioritaires pour les pays en développement, comme en témoigne le grand nombre de ces questions qui sont simplement repoussées de session en session sans aucune progression ».
L’Afrique contribue le moins aux émissions de réchauffement de la planète, mais est le continent le plus vulnérable aux changements climatiques, comme en ont récemment témoigné les catastrophes naturelles dévastatrices. La Journée de l’Afrique a lieu chaque année pendant, à la conférence depuis la COP 17 en 2011 pour rallier le soutien à la cause du continent.
« Les problèmes de catastrophes climatiques auxquels le continent est confronté exigent une réponse prévisible et unifiée », déclare le Secrétaire général adjoint des Nations Unies, Mohamed Beavogui, Directeur général d’African Risk Capacity, une agence de l’Union africaine qui aide les gouvernements à trouver des mesures contre les catastrophes naturelles.
« L’Afrique doit évoluer vers des modèles de financement innovants axés sur le marché pour devenir un continent fort, uni, résilient et influent à l’échelle mondiale. L’avenir de l’Afrique dépend de la solidarité ».
Vera Songwe, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), dit que la CEA apportera son soutien aux pays africains dans la révision de leurs Contributions déterminées au niveau national (CDN) pour attirer des investissements du secteur privé dans les énergies propres.
« Le manque d’ambition et d’action mondiales concertées et significatives pour lutter contre le changement climatique constitue une menace existentielle pour les populations africaines », précise Songwe.
L’Accord de Paris est le moteur des négociations climatiques en cours. Il appelle les nations à réduire les augmentations de température à 2°C d’ici la fin de ce siècle, tout en essayant de contenir les hausses à moins de 1,5°C. La prochaine étape consiste à mettre en œuvre les CDN, qui définissent des objectifs nationaux dans le cadre de l’Accord de Paris.
Alors que les pays africains soulignent leurs aspirations audacieuses à bâtir des économies résilientes aux changements climatiques et à faible émission de carbone dans leurs CDN, la position du continent est qu’il ne doit pas être traité de la même manière que les pays développés, car ses émissions de carbone constituent une fraction des grandes économies mondiales.
« L’Agence de développement de l’Union africaine (AUDA-NEPAD) reste déterminée à s’associer à d’autres institutions pour fournir le soutien nécessaire aux États membres de l’UA dans l’examen et la mise à jour de leurs CDN », dit Estherine Fotabong, Directrice des programmes à AUDA-NEPAD.
Barbara Creecy, Ministre sud-africaine de l’environnement et Présidente actuelle de la Conférence ministérielle africaine sur l’environnement, affirme que la Journée de l’Afrique doit proposer de nouvelles idées dans le but d’améliorer la mise en œuvre des CDN en Afrique.
L’Afrique répond déjà positivement au défi du changement climatique, informe Anthony Nyong, Directeur du changement climatique et de la croissance verte, à la Banque africaine de développement, citant un énorme intérêt pour les investissements dans les énergies renouvelables lors du Forum sur l’investissement en Afrique, organisé par la Banque, à Johannesbourg.
« De toute évidence, nous sommes un continent qui a ce qu’il faut pour créer l’Afrique que nous voulons voir se produire. Je crois que ce qui a été le chaînon manquant, c’est la capacité de bien se positionner et d’agir sur les signaux du marché », dit Nyong. « Nous continuons à présenter l’Afrique comme un cas vulnérable et non pas comme un cas commercial avec des opportunités. En fait, là où nous avons tenté ce dernier, les résultats ont été parfaits. »
Chef Fortune Charumbira, Vice-président du Parlement panafricain, informe qu’une législation climatique solide est essentielle.
« La réponse mondiale au défi montre que la législation est impérative pour consolider les efforts fournis par les différentes parties prenantes ; de l’Accord de Paris aux Contributions déterminées au niveau national », indique-t-il.
L’Ambassadrice Josefa Sacko, Commissaire à l’économie rurale et à l’agriculture, à la Commission de l’Union africaine, dit que le changement climatique touche des secteurs clés du développement socio-économique de l’Afrique, tels que l’agriculture, l’élevage et la pêche, l’énergie, la biodiversité et le tourisme. Elle appelle les pays africains à faire le point sur l’Accord de Paris et sa mise en œuvre autour du financement du renforcement des capacités et de la technologie