Discours par Madame Leila Ben Ali, Directrice par intérim, Direction femmes, genre et développement, Commission de l’Union Africaine

 

DISCOURS POUR LA REUNION D’EXPERTS DE LA CONFERENCE REGIONALE AFRICAINE DE L’EXAMENDE BEIJING+20

 

PAR MADAME LEILA BEN ALI, DIRECTRICE PAR INTERIM, DIRECTION FEMMES, GENRE ET DEVELOPPEMENT

 

COMMISSION DE L’UNION AFRICAINE

 

ADDIS ABEBA, ETHIOPIE - 17 NOVEMBRE 2014

 

 

Honorables Ministres et Vice Ministres Présents,

Excellences Ambassadeurs Présents,

Membre du Bureau du Comité Femme et Développement,

Experts des Etats Membres de l’UA,

Mme. TakyiwaaManuh–Directrice de la politiquede développement socialCommission Economique des Nations Unies pour l'Afrique,

Mme TokozileRuzvidzo, Coordinatrice du Centre Africain pour le Genre, Commission Economique des Nations Unies pour l'Afrique,

Mme. Letty Chiwara, - Représentante de l’ONU-Femmes auprès de l'Union Africaine (UA) et de la Commission Economique des Nations Unies pour l'Afrique,

Mr Thomas Yanga, Représentant de l’Équipe de liaison des Nations Unies,

Mme. SoyataMaiga - Envoyée spéciale de l’Union africaine sur les droits fondamentaux de la femme,

Dr Butera Jean Bosco, Conseiller de l’Envoyée spécialedes femmes, de la paix et la sécurité,

Partenaires de Développement présents,

Membres de la CSO et des Réseaux des Femmes,

Tout protocole observé,

Distingués Délégués et Invités,

Mesdames et Messieurs,

 

C’est un grand plaisir et un honneur pour moi d'être ici avec vous au cours de la séance d'ouverture officielle de la réunion des Experts de la Conférence Régionale Africaine de l’examen de Beijing + 20. Je vous transmets les chaleureuses salutations de S.E. Dr. NkosazanaDlaminiZuma, la Présidente de la Commission de l'Union Africaine, dont le leadership et l'engagement à l'autonomisation des femmes reste un phare pour notre travail à la Commission de l'Union Africaine.

Je voudrais également féliciter la présence de nos Experts à cette réunion qui démontre l’engagement de nos Etats Membres à la question de l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes en Afrique dans le but d’évaluer les progrès accomplis dans la mise en œuvre de nos différents instruments internationaux, régionaux et nationaux qui viennent compléter la plateforme forme d’action de Beijing et de Dakar en matière d’égalité du genre et d’autonomisation des femmes. Mais ce qui nous rassemble ne se limite pas seulement aux progrès constatés, mais surtout aux nombreux défis et obstacles qui continuent à persister dans les 7 domaines stratégiques pour aborder les 12 domaines critiques identifiés par la plateforme.

 

Mesdames et Messieurs,

Permettez-moi de réaffirmer l'engagement de l'Union Africaine pour l'égalité des genres et l'autonomisation des femmes. L'Union Africaine a clairement démontré son engagement à travers les différents instruments à valeurs partagés, y compris l’Acte constitutif de l'Union Africaine en 2000, le Protocole à la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique (2003) (avec 36 ratification) et la Déclaration solennelle sur l'égalité entre les hommes et les femmes en Afrique (2004).

Néanmoins si on peut dire que le Protocole avance de façon significative en terme de ratification, le défi de la domestication persiste encore dans nos Pays et donc la nécessité de cet examen de la plateforme d’action de Beijing nous permet de situer les niveaux de performance nationaux et régionaux sur l’égalité du genre et l’autonomisation de la femme en Afrique.

L’Union Africaine travaille également avec vous, les Etats Membres, dans la mise en œuvre de cette Déclaration solennelle sur l'égalité entre les hommes et les femmes en Afrique grâce à vos rapports soumis annuellement à la Commission et présentés au sommet des Chefs d’Etats de l’UA.

Grâce à la Déclaration solennelle, les Chefs d'Etats et de gouvernements ont pris des engagements politiques visant à accélérer les progrès vers l'égalité des genres et l'autonomisation des femmes sur le continent. En conséquence, les Chefs d'Etat à Malabo ont déclaré l'année 2015 comme «l’Année de l'autonomisation des Femmes et Développement de l'Afrique pour la concrétisation de l’Agenda 2063». L'Agenda 2063 de l’Afrique est la perspective du plan de développement du continent à long terme au cours des cinquante prochaines années. Ses nobles objectifs ne seront pas pleinement réalisés sans la pleine participation et représentation des femmes dans la gouvernance, la paix et la sécurité et le développement socioéconomique. Les femmes doivent être l'épine dorsale de l'Agenda 2063. La même logique doit être appliquée pour la réalisation des objectifs de la position commune africaine au programme de développement après 2015, qui est un plan de développement à moyen terme de notre Continent jusqu'au 2030. Cet agenda de développement ne peut être pleinement exécuté sans la participation des femmes dans les différentes sphères de la vie socio-économique et politique de nos sociétés.

L’Union Africaine a continué à faire preuve de leadership dans l'autonomisation des femmes et l’égalité des genres à travers ses engagements révolutionnaires, comme en témoigne l'adoption de la première Politique Genre de l'Union Africaine en 2009 qui a offert une opportunité pour la promotion et la réalisation de l'égalité entre les hommes et les femmes et a facilité l'inclusion des questions du genre dans l'agenda de l'Union Africaine.

De même, en 2010, l'Union Africaine a déclaré 2010-2020 la Décennie de la femme africaine sous le thème " l’approche locale pour l'égalité des genres et l'autonomisation des femmes». L'objectif de la Décennie est essentiellement de relancer les engagements pris par les États Membres de l'UA pour accélérer la mise en œuvre des engagements mondiaux et régionaux relatifs à l'égalité des genres et l'autonomisation des femmes depuis les communautés de base jusqu’aux niveaux  national, régional et continental. Ceci est en grande partie destiné à promouvoir l'égalité des genres en accélérant la mise en œuvre des décisions de Dakar, de Beijing et de l'Assemblée de l'Union Africaine sur l'égalité des genres et l'autonomisation des femmes.

En effet, depuis 2011, un an après le lancement de la décennie de la femmeafricaine, l’UA, à travers ses ministres en charge du genre, adopte annuellement un thème parmi les 10 pour sa mise en œuvre, supporté par le Fonds pour les femmes africaines.

La Commission de l’UA, les CER, les autres organes de l’UA et les partenaires au développement travaillent de plus en plus pour l’intégration de l’autonomisation socio-économique et politique des femmes comme un préalable pour atteindre le développement durable.

Avec la présence de S.E. Dr NkosazanaDlaminiZuma, à la tête de la Commission de l’UA, l’agenda de la pleine et effective intégration des femmes est accélérée et le plaidoyer est de plus en plus étendu et efficace surtout à travers l’implication des hommes. Nous avons de plus en plus des hommes champions de l’intégration du genre dans les politiques sectorielles, les programmes et les projets de notre organisation continentale.

 

Distingués invités, Mesdames et Messieurs

Nous reconnaissons également que l'Afrique a parcouru un long chemin depuis son indépendance politique à l'égard de l'égalité des genres et l'autonomisation des femmes. À la lumière des réalisations du continent pour améliorer l'accès aux opportunités socioéconomiques et politiques, il y a en effet beaucoup à célébrer, en termes de progrès relatifs à  l'autonomisation des femmes à travers l'Afrique. Sans aucun doute, certains États Membres demeurent un brillant exemple de l'égalité des genres et l'autonomisation des femmes à être émulé par d'autres États membres de l'UA. Les femmes sont visibles par leur présence dans la sphère de l'Etat, de la société civile et du secteur privé à diverses couches de la société, au niveau national, régional et continental. Nous avons besoin de beaucoup plus d'engagement et d'action pour résoudre les problèmes de faible taux de participation et de représentation des femmes dans les processus de gouvernance, dans les initiatives de paix et de sécurité et dans les programmes et projets de développement socio-économiques. Pour la réalisation de cette grande vision de l'égalité des genres et l'autonomisation des femmes, permettez-moi de faire quelques réflexions préliminaires sur certains enseignements des expériences positives:

1. Un leadership politique fort et visionnaire est nécessaire pour l'égalité des genres et l'autonomisation des femmes aux plus hauts échelons de l'Etat;

2. Ce leadership transformateur doit être accompagné par une politique efficace et des mesures législatives visant l'égalité des genres et l'autonomisation des femmes;

3. Une mise en œuvre effective et efficace de la politique et des mesures législatives exigent des mécanismes pour l’intégration du genre, y compris un ministère spécifique chargé des questions de genre;

4. En ce qui concerne l'augmentation de la participation et la représentation des femmes dans la prise de décision politique, les modèles de représentation proportionnelle ont prouvé leur efficacité pour l'égalité des genres;

5. Les mesures d'action positive de différents types jouent un rôle de catalyseur vers l'égalité des genres et l'autonomisation des femmes;

6. Puisque le pouvoir gouvernemental est accessible par les partis politiques, alors, les femmes doivent jouer un rôle significatif et de leadership dans ces institutions;

7. En plus de leur présence effective et significative dans les partis politiques, les femmes doivent jouer un rôle d'influence et de leadership dans la société civile, les médias, les universités, les organisations communautaires et le secteur privé.

Tout compte fait, la véritable essence de la participation et de la représentation des femmes dans la prise de décisions en Afrique va bien au-delà des simples chiffres dans les institutions démocratiques. Il repose dans la masse critique des femmes étant présentes dans toutes les instances clés du gouvernement (y compris l'Assemblée législative, le pouvoir judiciaire et le pouvoir exécutif). La masse critique des femmes dans ces institutions, y compris dans la fonction publique et la mise en place de la sécurité doit être accompagnée par le pouvoir et l'autorité effective pour ces femmes de faire un changement réel en influençant et élaborant des politiques qui soutiennent la dynamique de l'égalité des genres. On doit reconnaître que le renforcement de la participation et la représentation des femmes africaines dans les processus de gouvernance va de pair avec leur autonomisation socio-économique.

Cette liste n’est pas exhaustive, car les exemples d’engagement sont légions. En revanche, le chemin de l’égalité du genre et de l’autonomisation des femmes sur notre Continent reste encore parsemé d’embûches culturels, religieux et socioéconomiques qui relèguent les femmes au second plan avec des conséquences négatives dont les impacts affectent aussi bien les femmes que les enfants, les jeunes et bien sûr les hommes, par conséquent, la société entière.

En effet, pour que cette réunion régionale soit couronnée de succès, nous devons focaliser nos efforts durant ces deux prochains jours pour réfléchir sur la stratégie pour assurer l'autonomisation des femmes et l'égalité des genres dans les processus de développement de nos pays en se basant sur les défis, les bonnes pratiques et les réussites mentionnés dans le rapport régional Beijing +20 en prenant en considération le contexte politique et socioéconomique de notre Continent. Cela va contribuer efficacement à la réalisation de l'Agenda 2063 de l’Afrique et la Position africaine commune sur l'agenda de développement après 2015 et atteindre la parité entre les hommes et les femmes dans tous les postes de décision au niveau, national, régional et continental.

 

Mesdames et Messieurs,

Je voudrais conclure mes propos ici et vous assurer de la détermination de l’Union Africaine à tout mettre en œuvre pour accompagner les Etats Membres dans leurs efforts de la prise en compte du genre au niveau national et régional.

Je voudrais vous souhaiter une fois de plus au nom de la Présidente de la Commission de l’UA, des débats fructueux et concluants.

 

Je vous remercie.