Marrakech, Maroc, le 24 mars 2019 (CEA) – L’Afrique aurait pu perdre des infrastructures de plus d'un milliard de dollars après le cyclone Idai, la tempête qui a sévi la semaine dernière au Mozambique, au Malawi, à Madagascar et au Zimbabwe, déclare ce dimanche, la Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), Vera Songwe.
S’exprimant lors d’un dialogue politique de haut niveau sur la valorisation du lien entre le changement climatique et le budget public pour des économies résilientes en Afrique, Mme Songwe dit que le sillage de destruction laissé par le cyclone Idai était dévastateur. Elle appelle le continent à commencer à donner sérieusement la priorité à la préparation aux urgences et à la planification en cas de catastrophe.
« Lorsque nous parlons de la nouvelle économie climatique, il est presque impossible de ne pas penser à ce qui se passe actuellement sur notre continent. Au Mozambique, Zimbabwe, Malawi et à Madagascar, nous avons probablement perdu environ un milliard de dollars en ressources, en particulier le port de Beira, le port phare du Mozambique, fait aujourd’hui presque partie du passé à cause du cyclone Idai, indique Mme Songwe.
On estime qu’au moins 2 000 personnes ont disparu dans les quatre pays lors de la tempête.
« La discussion que nous avons ici aujourd’hui dans le contexte des impacts clairs et immédiats du changement climatique sur notre continent est donc importante, car non seulement la résilience climatique est-elle importante pour la planification en cas de catastrophe, mais elle est également importante parce que nous savons maintenant que nous vivrons plus ces événements climatiques extrêmes. La question est de savoir comment pouvons-nous commencer à planifier pour nous assurer que nous savons que la gestion ou l’atténuation des risques est bien meilleure que la reprise après sinistre », ajoute-t-elle.
Mme Songwe, qui a dirigé ce mercredi le personnel des Nations Unies et des experts africains réunis à Marrakech pour observer une minute de silence pour ceux qui ont perdu la vie dans le cyclone, informe que, pour diverses raisons, notamment de contraintes financières, de nombreux pays sur continent ne sont pas prêts à répondre à de tels événements catastrophiques inattendus.
Ce manque de préparation es un problème sur l’ensemble du continent où les systèmes de gestion des catastrophes sont inexistants ou inadéquats.
Mme Songwe dit que le thème de la Conférence des ministres de cette année sur « La politique budgétaire, le commerce et le secteur privé à l’ère du numérique : Une stratégie pour l’Afrique » est en phase avec le débat sur le besoin pour l’Afrique de capitaliser sur le lien existant entre le changement climatique et le budget public pour des économies résilientes sur le continent.
Elle dit qu’il est nécessaire que le continent ait également des responsables de la planification en cas de catastrophes aussi tragiques.
La réunion, organisée par le Centre africain pour la politique en matière de climat et la nouvelle économie climatique, a réuni des participants de haut niveau pour débattre des moyens efficaces à mettre en place au profit des pays africains afin que ceux-ci puissent utiliser les fonctions budgétaires et de planification avec pour objectif de tirer profit des ressources
publiques limitées. Ces mêmes ressources ont pour objectif de mobiliser des fonds privés et extérieurs pour des investissements favorables à des économies durables et résilientes au climat.
Au cours de la réunion, l’un des domaines examinés a été la manière dont les pays utilisent des approches intersectorielles pour aider à la planification et à la mise en œuvre intégrées d’actions pour le climat dans le contexte des priorités de développement des secteurs de l’agriculture, de l’utilisation des sols et de l’eau.
Mme Olga Algayerova, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Europe (CEE), explique aux participants le travail accompli par la CEE en Europe, en particulier le lien eau-alimentation-énergie-écosystème.
« La vulnérabilité accrue due au changement climatique, la croissance de la population mondiale et les besoins croissants en investissements, innovation et capacités humaines continuent d’exacerber la demande en ressources hydriques, énergétiques et alimentaires, ainsi que les services écosystémiques connexes », déclare-t-elle.
Mme Algayerova indique que l’eau, l’énergie et l’alimentation sont inextricablement liées et que, pour assurer la sécurité dans les trois secteurs, tout en protégeant les écosystèmes vitaux, des solutions intégrées sont nécessaires.
Le lien eau-énergie-alimentation-écosystèmes est une approche qui offre de telles solutions intégrées.
Linus Mofor du Centre africain pour la politique en matière de climat de la CEA, Fadel Ndiame, Vice-président pour l’Alliance pour la politique et les capacités de l’État pour une révolution verte en Afrique, l’Ambassadeur Kipyego Cheluget, Assistant général du COMESA, et Jan Corfee-Morlot, Conseiller principal, Nouvelle économie climatique, se sont tous prononcés en faveur de la valorisation du lien entre changement climatique et budget public pour des économies résilientes en Afrique.