Les scientifiques, les décideurs et les spécialistes du développement sont parvenus à un large consensus selon lequel les changements climatiques posent des problèmes complexes et des perspectives pour les plans de développement des pays africains. Le Groupe intergouvernemental d’experts sur les changements climatiques (GIEC) a estimé que la température augmentera progressivement en Afrique et que les effets induits tels que la variabilité du régime des précipitations et la fréquence des phénomènes climatiques extrêmes exerceront des pressions considérables sur les moyens d’existence et les économies des pays du continent. Pour relever efficacement ces défis, il faudra en tenir compte dans les stratégies nationales et régionales de développement, de lutte contre la pauvreté, de développement économique et d’amélioration du bien-être des populations, et renforcer la résistance face aux effets des changements climatiques. Ce principe est conforme à l’ambition du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), à savoir éliminer la pauvreté généralisée en Afrique, mettre le continent sur la voie d’une croissance et d’un développement durables, et renforcer l’intégration de l’Afrique à l’économie mondiale. Pour ce faire, il faudra intensifier l’intégration économique régionale de l’Afrique par le biais des communautés économiques régionales et trouver des solutions au problème de la fragmentation et aux questions liées aux économies d’échelle.

L’Afrique devra surmonter des obstacles considérables pour assurer son développement car elle devra procéder à des choix difficiles sur les plans économique, social et technologique, en plus des difficultés à comprendre les changements climatiques et leurs incidences sur les principaux secteurs du développement tels que l’agriculture, l’eau et l’énergie. L’action à mener en priorité pour promouvoir le développement du continent africain s’inscrit dans ce cadre et repose également sur d’autres facteurs de changement, compte tenu de la menace que constituent les changements climatiques pour les systèmes économiques et sociaux, ensuite en prenant les dispositions qui conviennent à cet égard. En outre, les politiques mondiales concernant le financement et le transfert de technologie permettent de transformer les problèmes climatiques en possibilités de développement pour l’Afrique et de faire l’économie de la phase de développement à forte intensité de carbone pour passer directement à des solutions consistant à adopter des systèmes de transport, de consommation d’énergie et d’utilisation des terres plus propres et modernes. Pour les communautés économiques régionales et les gouvernements africains, il s’agit, en d’autres termes, d’anticiper en modelant le développement des infrastructures et services nationaux et en évitant le piège des technologies non viables. Au fond, la notion de « priorité au développement » résume le principe d’organisation consistant à mettre en œuvre des stratégies de développement compatibles avec les changements climatiques et à renforcer la capacité des pays africains à exécuter des stratégies résistant aux changements climatiques.

 Dans le programme d’informations climatiques pour le développement en Afrique (ClimDev-Afrique), il est prévu d’organiser une conférence annuelle réunissant les parties prenantes autour du thème Changements climatiques et développement en Afrique. Ce programme est une initiative conjointe de la Commission de l’Union africaine (CUA), de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et de la Banque africaine de développement (BAD). Il a été approuvé, lors de leurs réunions régionales, par les chefs d’État et de gouvernement, ainsi que par les ministres africains des finances, du développement économique et de la planification, et par les ministres de l’environnement. Il s’agit de répondre au problème pressant que les changements climatiques posent à la réalisation des objectifs que l’Afrique s’est fixés en matière de développement. Il faut, plus précisément, affiner sensiblement les données concernant l’Afrique et mieux les utiliser pour la prise de décision en appuyant les activités concernant les capacités d’analyse, la production de connaissances et le partage de données.

Le Centre africain pour la politique en matière de climat, secrétariat du programme ClimDev-Afrique, accueillera la première Conférence, qui se tiendra au Centre de conférences des Nations Unies à la CEA, à Addis-Abeba, du 17 au 19 octobre 2011. Le thème de cette Conférence, « Priorité au développement : lutter contre les effets des changements climatiques en Afrique », montre qu’il faut tenir compte des politiques relatives au développement et au climat, et souligne que les Africains doivent prendre en charge la formulation des politiques et le processus de prise de décision.

La Conférence sur les changements climatiques et le développement en Afrique réunira trois groupes de participants en vue d’un dialogue fructueux, pour partager les enseignements tirés, recenser les problèmes actuels et les besoins futurs et examiner diverses solutions potentielles ayant des incidences significatives. Ces groupes de participants sont

• i) des décideurs de haut niveau des États membres africains et des communautés économiques régionales, des représentants des centres régionaux et sous-régionaux dont les activités sont axées sur le climat et diverses disciplines, des organismes multilatéraux et des organisations bilatérales;
• ii) des chercheurs, des scientifiques, des spécialistes des sciences et de la technologie de niveau international, des instituts participant actuellement à la promotion des connaissances dans le domaine des changements climatiques, l’accent étant mis en particulier sur l’Afrique, et
• iii) des représentants de la communauté des experts, notamment du secteur privé, des organisations communautaires et de la société civile, y compris les ONG, les médias et les auteurs d’articles sur les questions liées aux changements climatiques et au développement.