Denton – L’accord sur le climat auquel l’Afrique devrait parvenir à Paris

VICTORIA FALLS, Zimbabwe, le 30 octobre 2015 (ClimDev-Afrique) - Le Directeur de la Division des initiatives spéciales à la Commission économique pour l'Afrique et coordonnateur du Centre africain pour la politique en matière de climat (CAPC), Mme Fatima Denton appelle les négociateurs africains à renforcer leurs outils et affiner leurs stratégies avant le prochain cycle des négociations sur le climat qui débute à Paris, en France, en novembre.

Mme Denton qui s’adressait aux délégués participant à la 5ème Conférence annuelle sur le changement climatique et le développement (CCDA 5) à Victoria Falls, au Zimbabwe dit: «Alors que nous renforçons nos outils, affinons nos stratégies, définissons nos priorités, et nous nous lançons dans un objectif commun de développement inclusif, nous devons aller à Paris avec la nouvelle détermination d’utiliser nos données, de parler d’une même voix  haute pour exiger un traité juste, équitable, contraignant encouragé par un moyen de mise en œuvre qui permettra d'harmoniser nos engagements avec nos priorités de développement.

Elle met en garde qu’une fois à Paris, nous devons revoir le principe sacré de la« responsabilité commune mais différenciée »et l’utiliser pour nous souvenir que« le travail n’est pas accompli jusqu'à ce que nous prenions la décision de mettre en place les efforts requis pour réduire les émissions, indépendamment de nos degrés de culpabilité.

Elle dit qu’après des années de recherche et de dialogue à travers des institutions telles que l'Initiative ClimDev-Afrique, les Africains sont assez confiants pour réclamer ce qu’ils veulent à Paris, et nous mettons en place les dispositifs pour la CdP 21, mais avec une forte détermination de regarder au-delà de la Conférence des Parties.

S’adressant aux 400 délégués présents à la Conférence, elle dit que nous voulons créer une situation favorable qui nous aidera à tirer notre épingle du jeu à Paris et nous mettra sur la voie qui profitera à nos enfants pendant les cinquante prochaines années de leur vie créant de la prospérité, générant et de garantissant des emplois durables, grâce aux dividendes d'un secteur agricole transformé pour la construction d’industries fortes.

Grâce à la qualité du travail accompli, très confiante, Mme Denton dit que nous ne voulons pas que le statut de victime nous colle trop longtemps à la peau, nous voulons être pris en considération par le monde et nos enfants en tant  qu’acteurs et champions montrant le chemin de la réussite face à la  lutte contre le changement climatique et nous voulons emprunter la voie d’un développement à émission réduite de carbone.

À l’inverse, dans les négociations de l'après-2015, l’Afrique cherche à bâtir une coalition de partenaires forte qui apportera un appui à ses efforts de développer des projets bancables et des programmes d’adaptation et d’atténuation solides.

Il s’agit pour l’Afrique à Paris est d’abattre ses meilleures cartes; il s’agit d’avoir des arguments solides qui prennent en compte les femmes et les hommes situés à l’autre bout de la chaîne de développement; il s’agit de devenir des champions de la croissance verte, montrer au monde que l’Afrique peut y parvenir grâce à des technologies solides et au renforcement des capacités qui correspondront aux asymétries de l’information et du savoir.

Dans ce qui ressemblait encore à l'un des arguments les plus solides pour l’Afrique dans les négociations sur le changement climatique, elle dit que l'Afrique ne devrait pas permettre que l’article 2 de la Convention sur la sécurité alimentaire et le développement durable soit relégué à une note en fin de page.

Elle souligne qu’une ambition insuffisante pour l’atténuation encouragera certains pays à émettre excessivement au-delà de 2020, ce qui entrainera des conséquences incalculables, en particulier sur les populations africaines; augmentera le réchauffement climatique et les coûts d’adaptation et d’atténuation en Afrique en raison de la difficulté de l'Afrique à s’adapter.

Il est dans l’intérêt de l'Afrique à œuvrer en faveur d’un traité successeur qui ne tienne pas uniquement compte des questions annexes «institutionnels», mais aussi de la nécessité de choix et de décisions difficiles sur le transfert de technologie, des réductions d’émissions audacieuses et un financement pour le climat novateur et adéquat. Ceci est un moyen de combler les lacunes en termes d’adaptation.

Elle dit que l’Afrique est désireuse de participer et contribuer activement au succès de la CdP, car elle connaît l’enjeu des négociations et le sort de millions de personnes issues de groupes vulnérables qui pourrait y être décidé.


Publié par le Service de nouvelles ClimDev-Afrique