817 (XXXI). Conférence régionale africaine sur la science et la technologie

 

La Conférence des ministres,

 

            Réitérant sa conviction que la science et la technologie jouent un rôle stratégique et contribuent de façon décisive au soutien, à la relance ou à l'accélération de la croissance économique et du développement dans les pays africains,

 

            Rappelant les objectifs de la Conférence, à savoir notamment a) de promouvoir activement la science et la technologie ainsi que la formulation de mesures propres à en assurer l'application au développement national, sous-régional et régional; b) d'accorder une attention particulière aux besoins des Etats membres les moins avancés, à l'application et à l'impact des technologies nouvelles et naissantes,

 

            Reconnaissant son mandat d'institution intergouvernementale chargée d'aider et de conseiller la Commission économique pour l'Afrique dans l'élaboration et l'exécution de stratégies, politiques et programmes en vue de promouvoir le progrès scientifique et l'innovation technologique sur le continent africain,

 

            Reconnaissant en outre le rôle qui lui est dévolu dans le renforcement de la coopération et de l'intégration régionales et sous-régionales dans le domaine de la science et de la technologie,

 

            Reconnaissant également que l'environnement international a connu de profondes mutations au cours de ces dernières années et que les politiques mises en oeuvre en Afrique dans le domaine de la science et de la technologie nécessitent un remodelage ou une adaptation au nouveau contexte et aux nouveaux défis du XXIe siècle,

 

            Consciente de la nécessité de bâtir une nouvelle vision de l'Afrique en tant que partenaire à part entière du développement mondial,

 

            Ayant à l'esprit les succès considérables réalisés par certains pays d'Asie dans le domaine du progrès technologique et économique et de la compétitivité industrielle, succès qui peuvent constituer une source d'inspiration et d'encouragement pour les pays d'Afrique,

 

            Réaffirmant que le renforcement des capacités dans le domaine de la science et de la technologie pour le développement en Afrique doit demeurer l'une des questions hautement prioritaires à l'ordre du jour de la Commission économique pour l'Afrique,

 

            Soulignant la nécessité pour les pays d'Afrique de promouvoir l'accès à des technologies et à un savoir-faire écologiquement rationnels, ainsi que d'en faciliter le transfert,

 

            Notant avec préoccupation la baisse du niveau de l'aide au développement et de l'assistance technique en Afrique, les conséquences négatives à court terme des nouveaux accords de l'Uruguay Round  conclus dans le cadre de l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce ainsi que la faiblesse des crédits commerciaux internationaux et de l'investissement en Afrique,

 

            Consciente aussi qu'il importe au plus haut point pour les pays d'Afrique d'augmenter substantiellement le niveau des investissements dans les applications et l'utilisation de la technologie en vue de réaliser des taux de croissance permettant d'éliminer la pauvreté,

 

            Sachant que les pays d'Afrique doivent s'écarter des politiques de protection et d'introversion et favoriser les mécanismes susceptibles d'accroître de façon substantielle les niveaux de financement pour le développement de la technologie et la croissance économique,

 

            Notant que pour accroître la contribution de la science et de la technologie et encourager la croissance économique, les pays d'Afrique doivent de façon plus résolue mettre en oeuvre des réformes économiques et créer un environnement favorable,

 

            Notant en outre la nécessité d'une approche plus proactive du développement de la science et de la technologie, spécialement en ce qui concerne les liens avec l'industrialisation,

 

            1.         Invite instamment les Etats membres à :

 

            a)          Participer activement et au plus haut niveau de prise de décisions, y compris au niveau ministériel, aux travaux de la Conférence, à assurer sa continuité et à contribuer à la mise en oeuvre de ses recommendations et résolutions;

 

            b)         Formuler ou réexaminer leurs politiques et structures dans le domaine de la science et de la technologie, et de les traduire dans des législations appropriées pour leur application, en fonction du nouveau contexte international caractérisé, entre autres, par une baisse de l'aide publique au développement et de l'assistance technique, un endettement élevé, un nouveau régime pour le commerce et les investissements, un rôle accru du secteur privé et du financement privé, le développement de l'économie de marché, la libéralisation économique, l'interdépendance et la mondialisation;

 

            c)          Mettre en place, en vue de promouvoir le progrès scientifique et l'innovation technique, des régimes incitatifs incluant les éléments ci-après :

 

                        i)stimulants de base relatifs au marché (concurrence, propriété privée, ouverture à l'économie mondiale, efficacité de l'administration);

 

                        ii)stimulants institutionnels et infrastructurels (information, communication, système des pépinières d'entreprises, transfert, promotion, diffusion, vulgarisation, coordination, zones franches);

 

                        iii)stimulants financiers (capitaux à risque, petits crédits, etc.);

 

                        iv)stimulants fiscaux (exonérations, abattements, dégrèvements, trêves, amortissements accélérés);

 

                        v)stimulants budgétaires (subventions de modernisation, dégrèvements fiscaux liés à l'investissement etc.);

 

                        vi)stimulants juridiques et réglementaires (droits de propriété, normes technologiques);

 

                        vii)stimulants relatifs à la passation des marchés publics;

 

                        viii)stimulants honorifiques (prix, récompenses),

 

                        ix)stimulants destinés à améliorer le niveau des connaissances (bourses, mesures d'encouragement des filles, apprentissage, congés sabbatiques, voyages d'étude, participation aux séminaires, consultations, etc.).

 

            d)         Renforcer leurs capacités en matière de technologies et de financement par le biais, entre autres, du recours à l'investissement étranger direct que l'on peut attirer en mettant en place :

 

                        i)une démocratie stable;

 

                        ii)un régime concurrentiel transparent,  prévisible et géré de façon efficace, concernant à la fois la politique commerciale, la politique d'investissement, la politique d'immigration, la politique industrielle et celle de l'emploi ainsi que la politique des brevets et de la propriété intellectuelle;

 

                        iii)une infrastructure physique adéquate, en particulier dans le domaine des transports et des communications;

 

                        iv)un réseau efficace de fournisseurs;

 

                        v)un système financier fiable, diversifié et dynamique;

 

                        vi)un bon réseau de services de soutien technologique comportant des structures techniques de formation, des services de perfectionnement, des normes, des services de métrologie et de contrôle de la qualité, des systèmes d'information (bases de donnés, pleine connectivité à Internet);

 

            e)         Accélérer l'acquisition, l'absorption et l'assimilation de technologies grâce aux actions suivantes :

 

                        i)élaboration d'une politique générale claire en matière de transfert de technologie qui serait approuvée par les plus hautes autorités de l'Etat;

 

                        ii)prise de mesures visant à renforcer la formation aux divers aspects du transfert de technologie;

 

                        iii)élaboration de lois, règlements et principes directeurs favorisant la concurrence de sorte à faciliter le transfert et l'acquisition de technologies écologiquement rationnelles, culturellement compatibles, socialement bénéfiques, économiquement avantageuses et viables;

 

                        iv)réduction des obstacles culturels et politiques au transfert et au développement de technologies et promotion des valeurs que sont le changement, l'ouverture, l'autonomie, l'initiative privée, l'esprit d'entreprise, la liberté et la stabilité;

 

            f)          Créer une structure gouvernementale forte chargée de :

 

                        i)concevoir et gérer une politique de transfert et d'acquisition de technologies plus sélective et conforme aux objectifs nationaux;

 

                        ii)réaliser des évaluations et des prospectives technologiques;

 

                        iii)apporter un appui aux entrepreneurs dans leurs transactions en vue de l'acquisition de technologies étrangères;

 

                        iv)conseiller les pouvoirs publics sur les questions de transfert de technologie;

 

                        v)élaborer des politiques sous-régionales concertées et harmonisées de transfert et d'acquisition de technologies de sorte à assurer une utilisation optimale des ressources et à adopter une position commune ferme face à la concurrence pour l'acquisition de technologies étrangères et

 

                        vi)assurer le bon usage des resources;

 

            g)          Mettre en place un environnement favorable en redoublant d'efforts pour le renforcement des capacités d'application des technologies internationales en procédant à des réformes de leurs structures économiques afin qu'ils puissent susciter plus d'intérêt sur la scène internationale, mieux absorber les technologies nécessaires, mieux exploiter les complémentarités technologiques entre elles et participer davantage à l'économie régionale et mondiale;

 

            h)         Appliquer d'urgence des politiques visant à freiner l'exode des compétences et à tirer profit des connaissances des ressortissants africains travaillant à l'étranger;

 

            i)          Prendre des mesures en vue de mettre en oeuvre le  Protocole de la Communauté économique africaine relatif à la science et à la technologie en veillant à :

 

                        i)renforcer leurs capacités scientifiques et technologiques grâce à des programmes visant à assurer une application judicieuse de la science et de la technologie au développement;

 

                        ii)améliorer les structures existantes et renforcer les capacités institutionnelles des Etats membres pour le développement, la gestion, l'utilisation et la vulgarisation des technologies nouvelles aussi bien que traditionnelles;

 

                        iii)promouvoir la coopération concernant tous les aspects de l'application de la science et de la technologie au développement, l'acquisition et l'assimilation de technologies ainsi que leur adaptation aux conditions locales;

 

                        iv)renforcer les institutions et associations scientifiques et technologiques nationales, sous-régionales et régionales;

 

            j)          Intensifier l'acquisition et l'application de la science et de la technologie nucléaires en vue d'améliorer la gestion des ressources en eau, la protection de l'environnement, la production d'énergie, la production vivrière et agricole, la protection radiologique et la sûreté en matière de radiation, la production animale, la santé humaine et animale et le contrôle de la qualité et autres usages dans le secteur industriel et, à cet effet, appuie l'adhésion des pays africains à l'Agence internationale de l'énergie atomique et à l'Accord régional de coopération sur la recherche, le développement et la formation dans le domaine de la science et de la technologie ainsi que leur participation au Programme régional africain ainsi qu'au Groupe sectoriel de la Commission économique pour l'Afrique sur la science et la technologie nucléaires, en assurant la complémentarité des efforts entrepris au titre des divers cadres de coopération;

 

            k)         Mettre au point et actualiser périodiquement une série d'indicateurs scientifiques et technologiques afin de disposer d'informations utiles pour l'élaboration de politiques scientifiques et technologiques et de suivre les progrès scientifiques et technologiques;

 

            l)          Accorder une attention spéciale aux femmes et leur donner les moyens d'être autonomes grâce à la science et à la technologie de manière à accroître la productivité et à accélérer le processus de développement;

 

            m)        Intensifier l'enseignement des mathématiques, des sciences et de la technologie aux niveaux primaire et secondaire;

 

            n)         Accorder plus d'importance à la collaboration et la coopération avec :

 

                        i)avec la Commission économique pour l'Afrique, l'Organisation de l'unité africaine et la Banque africaine de développement dans le domaine de la science et de la technologie, y compris la mise en oeuvre du Protocole de la Communauté économique africaine relatif à la science et à la technologie;

 

                        ii)avec les organisations intergouvernementales et non gouvernementales, notamment le Centre régional africain de conception et de fabrication techniques, le Centre régional africain de technologie, l'Organisation régionale africaine de normalisation, l'Agence africaine de biotechnologie, l'Organisation africaine de propriété intellectuelle et l'Organisation régionale africaine de propriété industrielle;

 

            2.         La Conférence décide en outre de :

 

            a)          Créer cinq conférences sous-régionales sur la science et la technologie ayant les objectifs ci-après :

 

                        i)favoriser la coopération et l'intégration sous-régionales en matière de science et de technologie;

 

                        ii)élaborer des politiques sous-régionales en tenant compte des avantages relatifs des Etats membres et des complémentarités entre eux;

 

                        iii)élaborer et exécuter des projets sous-régionaux; enfin;

 

                        iv)collaborer au renforcement de la capacité régionale en matière de science et de technologie; et

 

                        v)de créer des groupes de travail sectoriels, incluant le travail en réseaux, dont un groupe sectoriel de travail sur les parcs scientifiques et technologiques et un groupe sectoriel de travail sur la science et la technologie nucléaires;

 

            b)         D'accorder un appui entier aux activités de la Commission économique pour l'Afrique en science et en technologie afin d'apporter un soutien aux Etats membres dans l'incorporation de la science et de la technologie dans leurs activités de développement socio-économique, notamment pour la sécurité alimentaire, la réduction de la pauvreté et l'amélioration de la qualité de vie; y compris :

 

                        i)l'élaboration de législations types pour l'application de politiques scientifiques et technologiques;

 

                        ii)la promotion de mesures visant à accroître la capacité des entreprises à exploiter la science et la technologie;

 

                        iii)l'élaboration de programmes de vulgarisation de la science et de la technologie par le biais des médias;

 

                        iv)l'élaboration, pour le XXIe siècle, de grandes options en matière de science et de technologie pour l'Afrique;

 

                        v)la fourniture de services consultatifs aux Etats membres sur divers aspects du développement et de l'application de la science et de la technologie;

 

            c)          De demander aux organisations du système des Nations Unies d'intensifier leur coopération avec la Commission économique pour l'Afrique et leur appui aux organisations et pays africains dans la promotion de la science et de la technologie sur le continent;

 

            d)         D'apporter son concours à la Commission économique pour l'Afrique dans la recherche de fonds pour l'exécution de projets extrabudgétaires dans les domaines prioritaires définis par la Conférence;

 

            e)         De recommander un amendement à son mandat, alinéa (d), de manière à y inclure une attention spéciale aux femmes et aux enfants;

 

                                                                                                                                         301ème séance,

                                                                                                                                                8 mai 1996.