Addis-Abeba, le 5 mai 2020 (CEA) - Alors que les gouvernements réaffectent des ressources pour faire face à la crise dans le domaine de la santé publique, la sécurité, la sûreté et l’accès aux services de justice ne seront plus facilement accessibles aux victimes de violence domestique, selon un rapport de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) sur les effets du COVID-19 en Afrique.
S’exprimant lors d’un point de presse en ligne sur les effets de la pandémie sur les femmes, Thokozile Ruzvidzo, Directrice de la Division du genre, de la pauvreté et de la politique sociale, à la CEA, déclare : « Les taux de violence domestique augmentent, avec les confinements dus au COVID-19 imposant aux familles de rester ensemble à la maison pour de plus longues périodes et les femmes incapables de quitter une situation dangereuse ».
Mme Ruzvidzo indique que la situation est exacerbée par le fait que les femmes constituent la majorité du personnel médical de première ligne :
« 65% des infirmières en Afrique sont des femmes. Comme les infirmières sont beaucoup plus nombreuses que les médecins, les femmes constituent la grande majorité du personnel médical de première ligne risquant ainsi d’être exposée au COVID-19 ».
Elle souligne que les femmes constituent également la majorité du personnel des services de structures sanitaires tels que les femmes de ménage, les blanchisseuses, le personnel de restauration et que « ces cohortes sont clairement exposées à un risque accru d’exposition au COVID-19 ».
Selon le rapport de la CEA intitulé, « Le COVID-19 en Afrique : Sauver les vies et l’économie », les femmes représentent environ 70% des commerçants transfrontaliers en Afrique. Cela signifie que leur activité économique est limitée et leurs revenus sont gravement affectés en raison de la fermeture des frontières.
Le rapport note également que « compte tenu du fait que les femmes ont tendance à opérer dans le secteur informel, elles ne sont pas protégées par une assurance ni éligibles à des régimes publics destinés aux entreprises (comme les facilités de crédit) ou aux employés formels (comme les subventions salariales). Un ensemble différent d’interventions doit donc être envisagé pour elles et le secteur informel au sens large ».
Un autre facteur important, dit Ruzvidzo, indique que « les faibles niveaux d’accès à l’électricité et aux sources d’eau potable en Afrique obligent les femmes à consacrer un temps de travail non rémunéré important à la collecte de bois de chauffage et d’eau et, ce faisant, augmentent probablement le risque d’effets néfastes sur la santé associés au COVID-19 ».
Faisant allusion aux dimensions budgétaires de COVID-19 lors du webinaire, qui s’est tenu le 1er mai 2020, le Directeur par intérim, de la Division de la macroéconomie et de la gouvernance, Armah Bartholomew, déclare que le COVID-19 a provoqué une baisse des recettes fiscales, des envois de fonds, une paralysie des voyages et du tourisme et une chute des prix des matières premières.
« Environ 19 millions d’emplois seront perdus et 5 à 29 millions d’individus plongés dans l’extrême pauvreté à cause de la pandémie », ajoute-t-il, déclarant que l’Afrique peut avoir besoin de 44 milliards de dollars américains pour couvrir les coûts des soins de santé d’urgence, même avec une répression intense et la mise en place de la distanciation physique.
Par conséquent, au moins « une relance budgétaire de 100 milliards de dollars est nécessaire pour répondre immédiatement aux besoins urgents de soins de santé, fournir un filet de sécurité aux plus vulnérables, protéger les emplois et soutenir l’activité économique dans la mesure du possible », affirme M. Armah.
Planification et prise de décision sensibles au genre
Mme Thokozile Ruzvidzo souligne les besoins suivants :
Établir une analyse sensible au genre : Utilisation accrue de données ventilées par sexe pour analyser les effets différentiels de COVID-19 sur les hommes et les femmes et les effets sur la croissance économique des inégalités accentuées entre les hommes et les femmes.
Élaborer des politiques soucieuses de l’égalité entre les hommes et les femmes : Planifier pour les futures urgences de santé publique afin de tenir compte des besoins différents des hommes et des femmes – il faut prévoir un espace budgétaire et une planification budgétaire sensible au genre.
Participer à la prise de décisions : Une participation accrue des femmes aux postes de décision en matière de santé publique et d’intervention d’urgence pour garantir que les besoins des femmes et des filles soient correctement pris en compte (seuls 13 gouvernements africains ont nommé des femmes au poste de ministre de la santé et seulement 9 d’entre elles sont des médecins).
Le webinaire est le premier d’une série de points de presse virtuels organisés par la CEA en collaboration avec le Réseau des femmes africaines dans les médias (AWiM). La prochaine session est prévue pour le 11 mai 2020, à 16 h (heure d’Addis-Abeba) et se concentrera sur le commerce, les PME et le secteur privé.
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