Addis-Abeba, Éthiopie, le 18 avril 2020 - La pandémie du COVID-19 de 2020 est une crise mondiale à la fois sans précédent et ayant de nombreuses ramifications. La pandémie présente des risques sanitaires et sociaux significatifs pour l'ensemble du globe. Outre ses menaces pour la santé et le bien-être des citoyens dans le monde entier, elle a induit des perturbations commerciales, financières et économiques sans précédent au niveau international.
Les chaînes de valeur et d’approvisionnement mondiales, régionales et nationales critiques, éléments vitaux du commerce international, n’ont pas été épargnés. L'OMC envisage le pire scénario avec un déclin de 32% du commerce mondial. L'impact qui en résulterait sur la croissance économique globale serait considérable. Des estimations prudentes suggèrent que jusqu'à 1% du PIB mondial devrait s’effondrer, ce qui représente une perte de revenus d'environ 1000 milliards de dollars US. Sur le continent, la situation sera plus désastreuse. Les estimations initiales de la CEA suggèrent que l'Afrique fera face à un déclin immédiat de la croissance du PIB de 3,2% à 1,8% en 2020 en raison du Covid-19, mais avec un impact négatif encore plus important si le Covid-19 n'est pas contenu à court terme.
Il ne s’agit pas de simples statistiques. Avec la fermeture des frontières et les restrictions de circulation des personnes et des biens, la pandémie exige un véritable tribut humain résultant de la paralysie des activités commerciales, économiques et sociales essentielles. Au niveau mondial, les pertes d'emplois se comptent par millions en raison de la crise, et les gouvernements sont sous pression pour concevoir une stratégie d’atténuation d’un genre que le monde n'a jamais vu depuis la Seconde Guerre mondiale.
Les États membres de l'Union Africaine, confrontés à des défis de développement multiformes, courent le risque d’une agonie prolongée à la suite de ces perturbations. S’ajoutant au déclin des prix des produits de base, à la montée du protectionnisme et au fardeau accru du service de la dette, la crise menace de balayer des décennies de progrès.
Il est donc nécessaire que les institutions et les gouvernements africains mettent en place une politique de riposte économique et commerciale coordonnée et sans précédent, pour garantir que les pires impacts de la pandémie soient atténués, et se positionner par rapport à l'inévitable restructuration économique post pandémie.
La pandémie et les défis qui en découlent concernant l'approvisionnement en matériels et en équipements médicaux de base en particulier, ont mis en évidence les lacunes critiques des capacités de fabrication et de production de l’Afrique, ainsi que la nécessité de mettre en place des chaines de valeur et d’approvisionnement nationales, régionales et continentales.
Les États membres de l'Union Africaine doivent donc résister à la tentation d'adopter des mesures et des positions nationalistes et protectionnistes, imposant des restrictions au commerce et perturbant les chaînes de valeur et d'approvisionnement ; ils doivent plutôt essayer de coordonner les ripostes et mesures régionales et continentales pour relever les défis sanitaires et économiques. Les stratégies d’achats d’éléments industriels intermédiaires intégrés et mutualisés ne sont, par exemple, plus théoriques ; elles sont devenus un élément indispensable à un impératif urgent. De même est la nécessité de reconnaître les opportunités offertes par la coopération pour exploiter la résilience probable du commerce des services au moment où le continent s'efforce de soutenir les niveaux actuels du commerce transfrontalier de marchandises.
À cet égard, la ZLECAf doit être l'initiative de ralliement pour conduire la relance économique de la post pandémie et le renforcement des chaines de valeur et d’approvisionnement africaines au niveau national, régional et continental.
Outre les initiatives en cours, telles que la mise en place du Fond de Riposte Covid-19 de l'Union africaine et la désignation par le Président de l'Union africaine, S.E. Cyril Ramaphosa, Président de la République d'Afrique du Sud, d’Envoyés spéciaux, chargés de mobiliser le soutient économique international pour la lutte continentale contre le COVID-19, la Commission de l'Union Africaine, Afreximbank, la CEA, AfroChampions Initiative lancent un appel à l'action auprès des États membres et des institutions de l'Union africaine, y compris les institutions de recherche, les institutions financières de réflexion, les corporations et les universités, pour élaborer une riposte concertée et coordonnée en matière de commerce et d’investissement à la crise du COVID-19, en s’appuyant sur la ZLECAf comme outil pour développer les chaines de valeur et d’approvisionnement nationales, régionales et continentales, et en conduisant la relance économique, la croissance et le développement post-pandémiques.
L'Afrique a tout ce qu'il faut pour sortir de cette pandémie si elle reste concentrée sur la valeur d'autosuffisance collective par le commerce intra régional sous les auspices de la ZLECAf.
S.E. Amb. Albert Muchanga
Commissaire en Charge du
Département du Commerce et de l'Industrie
CUA
Prof. Benedict Okey Oramah
Président, Président du Conseil
Afreximbank
Paulo Gomes
Coprésident
AfroChampions Initiative
William Lugemwa
Directeur de la Division du Développement et des Finances du Secteur Privé
CEA.