Johannesburg, 28 octobre 2013 - Selon Donald Kaberuka, président de la Banque africaine de développement (BAD), seuls l’accélération et l’approfondissement de l’intégration régionale sur l’ensemble du continent peuvent assurer la poursuite des avancées économiques récentes de l’Afrique.
Il a fait cette déclaration le 28 octobre à Johannesburg, lors de la cérémonie d’ouverture de la Conférence économique africaine 2013, placée sous le thème « L’Intégration régionale en Afrique ».
La transformation structurelle du continent ne peut se produire sans investissement dans les infrastructures et sans intégration régionale, a affirmé Donald Kaberuka.
« Beaucoup de faits viennent prouver que l’Afrique est en plein essor, mais nous autres Africains, nous ne devons pas faire l’erreur de confondre tournant et point de bascule.
« Nous sommes à un tournant et non à un point de bascule », a-t-il averti.
Il a également insisté sur la nécessité de s’occuper des barrières non tarifaires de pays à pays pour faciliter le commerce.
« Sauf à résoudre les problèmes d’infrastructure, en particulier dans le domaine de l’énergie, il est hors de propos que le continent réussisse à maintenir une croissance économique de sept %».
« Nous ne pourrons pas maintenir ces sept % avec 54 marchés fragmentés », a fait observer Donald Kaberuka, en ajoutant que le thème de « l’Afrique qui monte » doit être abordé avec un certain esprit critique.
Les pays africains ont sans doute accompli des progrès au niveau de l’intégration, mais les résultats ont été moins spectaculaires que prévu, puisque l’on estime que le commerce intra-africain représente entre 12 et 16 % de l’ensemble du commerce du continent.
Afin d’atteindre son objectif, la BAD est en train d’élaborer une nouvelle stratégie d’intégration régionale pour la période 2014-2023, qui représente un changement radical dans son approche.
« Les questions d’intégration douce représentent un véritable défi, par exemple l’harmonisation des politiques, de la circulation des marchandises et des services : il faut en faire beaucoup plus, » a déclaré Nkosazana Dlamini-Zuma, présidente de la Commission de l’Union Africaine.
Elle a insisté sur la nécessité d’une meilleure coordination des politiques, d’une solution au problème de l’appartenance simultanée à différents blocs économiques régionaux et d’une appropriation collective du processus d’intégration qui en facilitera la mise en œuvre.
Pour sa part Abdalla Hamdok, secrétaire exécutif adjoint de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), a souligné la nécessité pour les pays d’harmoniser leurs lois régionales et nationales afin de faciliter la mise en œuvre des différents protocoles.
« Afin de concrétiser les bienfaits de l’intégration régionale, nos dirigeants doivent considérer ces dispositions comme autre chose que des slogans politiques et économiques et consacrer leurs efforts à en assurer le succès », a-t-il déclaré.
Lors de cette cérémonie, Pravin Gordhan, ministre des Finances d’Afrique du Sud, a quant à lui insisté sur la nécessité pour les pays africains de profiter du rééquilibrage actuel des puissances mondiales pour s’affirmer.
« Trop souvent nous assistons à ces réunions internationales, mais nos voix ne sont que secondaires et nous ne sommes pas à même de nous affirmer en faveur d’objectifs communs pour nous-mêmes et à l’échelle de la planète », a-t-il affirmé.
Selon Pravin Gordhan, le continent a maintenant l’opportunité de proposer des modèles alternatifs de développement assortis d’options qui conviennent aux différents pays.
Il y a actuellement huit Communautés économiques régionales (politiques ou commerciales) reconnues au sein de l’Union Africaine qui appliquent le Traité d’Abuja ; leur succès varie : la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC) est la plus avancée puisqu’elle a lancé en 2010 son marché commun.
Le Marché commun de l'Afrique orientale et australe (COMESA) a créé une union douanière en juin 2009.
Pour ce qui est de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), elles ont avancé dans la création de leurs accords de libre-échange et comptent lancer leur union douanière respectivement en 2015 et 2013. La Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) a créé dès 2004 un accord de libre-échange mais a dû faire face à de gros obstacles au niveau de sa mise en œuvre.
La Conférence économique africaine est un forum annuel d’information en matière d’affaires organisé par la Banque africaine de développement (BAD), la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) sur les principaux défis économiques du développement économique du continent.
Cette conférence réunit des chefs de gouvernements, des décideurs, des chercheurs et des acteurs du développement venus d’Afrique et d’ailleurs. Cette année, les discussions porteront en priorité sur la manière dont un continent constitué de 54 États disparates peut surmonter sa fragmentation et mettre en commun ses ressources pour réaliser son industrialisation et une croissance productive.
Conjointement publié par la CEA et la BAD