Marrakech, Maroc, le 11 avril 2019 (CEA) - La 20ème session du Mécanisme de coordination régionale pour l’Afrique (MCR-Afrique), qui s’est tenue récemment à Marrakech, a fourni une plate-forme pour des débats de haut niveau sur des questions relatives à l’appui des Nations Unies à l’Union africaine.
Parmi les participants de haut niveau figuraient la Secrétaire générale adjointe des Nations Unies, Amina J. Mohammed, la Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), Vera Songwe, l’Ambassadeur Omar Hilale, Représentant permanent du Maroc auprès de l’Organisation des Nations Unies et Vice-président du Conseil économique et social (ECOSOC), L’Ambassadrice Sarah Anyang Agbor, Commissaire des ressources humaines, des sciences et de la technologie de la Commission de l’Union africaine (CUA), et bien d’autres.
La session était organisée conjointement par les secrétariats du Mécanisme et les équipes régionales du Groupe de développement des Nations Unies pour l’Afrique de l’Est, australe de l’Ouest et centrale.
La réunion avait pour thème, « Appui du système des Nations Unies à l’Union africaine pour commémorer 2019 en tant qu’Année des réfugiés, des rapatriés et des personnes déplacées internes : Vers des solutions durables au déplacement forcé en Afrique ».
Mme Mohammed souligne que les domaines suivants sont pertinents pour renforcer le travail de RCM-Afrique :
- Le MCR-Afrique doit être orienté vers des résultats et veiller à ce que les mécanismes d’exécution soient bien coordonnés et efficaces ;
- Le MCR-Afrique doit être plus responsable et travailler avec un sentiment d’urgence ;
- Il est nécessaire de disposer de données en temps réel pour l’élaboration et l’analyse de politiques factuelles. Cela nécessite, entre autres mesures, d’utiliser des données existantes pour comprendre les tendances ; l’utilisation de bases de référence et de méthodologies communes est également jugée importante ;
- Plus important encore, les interventions de différentes institutions des Nations Unies doivent s’inscrire dans le contexte d’une réponse commune des Nations Unies utilisant l’architecture MCR-Afrique comme plate-forme de ralliement. À cet égard, le MCR-Afrique et ses différents secrétariats doivent favoriser la cohérence horizontale et verticale.
Recommandations
Réunion-débat de haut niveau sur le thème : Remédier aux causes profondes des réfugiés et des personnes déplacées internes
- Les entités des Nations Unies devront collaborer en vue de tirer parti des synergies et d’allouer des ressources aux programmes axés sur le développement à grande échelle et au niveau local. Cela contribuera à accélérer la mise en œuvre de l’Agenda 2030 et de l’Agenda 2063 et contribuera à atténuer les facteurs qui motivent les réfugiés et les déplacements forcés ;
- Il est nécessaire de mettre en place un système à l’échelle du continent permettant d’évaluer et de reconnaître les qualifications universitaires et professionnelles des pays afin d’aider les employeurs ou les établissements d’enseignement et de formation supérieure en Afrique à comprendre la corrélation qui existe entre les qualifications des pays. Cela favorisera la reconnaissance mutuelle des diplômes et renforcera l’accès des réfugiés et des migrants aux possibilités d’emploi ;
- Au niveau des États membres, il est nécessaire de renforcer la gouvernance et les autorités locales afin de créer des liens entre le peuple et l’État. Les gouvernements devront être encouragés à investir pour préparer les populations en croissance à répondre aux exigences d’un marché du travail en évolution. Ceci devra être soutenu par un système d’état civil adéquat qui facilite l’identification des données biométriques pour assurer une grande précision d’identification individuelle ;
- L’Afrique doit jouer un rôle de premier plan dans la résolution du problème des réfugiés et de la migration, qui reste un problème complexe et est une source de division. Ce faisant, les femmes et les jeunes devront être considérés comme des agents du changement plutôt que des bénéficiaires passifs.
Réunion-débat de haut niveau sur le thème : Améliorer les solutions durables, notamment en ce qui concerne le lien entre le déplacement forcé et le développement
- Il est nécessaire de donner la priorité aux mesures préventives plutôt que de gérer la crise au lendemain. À cet égard, l’élaboration de stratégies relatives aux réfugiés et à la migration devrait s’appuyer sur une analyse approfondie des causes profondes de la prévalence de la situation des réfugiés, des personnes déplacées dans leur propre pays et des migrants ;
- Compte tenu de la vulnérabilité particulière des femmes et des filles dans les situations de réfugiés et de personnes déplacées, il est nécessaire d’adopter une approche qui tienne compte de la dimension genre des actions humanitaires afin de garantir que leurs préoccupations et leurs besoins reçoivent l’attention qu’ils méritent et qu’ils soient pris en compte de manière appropriée ;
- Une approche inclusive de la croissance économique devra être recherché. Cela devra inclure la mise en place de politiques et de programmes qui résolvent le problème de l’inégalité des revenus et contribuent à faire respecter la justice sociale en accordant une attention particulière aux groupes vulnérables tels que les femmes et les jeunes ;
- La collaboration entre l’Union africaine, les Nations Unies et d’autres acteurs humanitaires doit s’appuyer sur des pratiques prometteuses et promouvoir des approches à la base pour des interventions humanitaires efficaces. Cette mesure, parmi d’autres, appellent au renforcement de capacités des organisations locales et nationales, y compris des groupes de femmes et de jeunes, à prendre des initiatives et des décisions au sein des structures et des interventions humanitaires ;
- Il faut accroître la mobilisation des ressources nationales, entre autres mesures, en renforçant les lois fiscales et l’administration afin de générer des ressources orientées vers les initiatives de développement inclusif et de prévention des crises de réfugiés ;
- Il est nécessaire d’accroître les investissements dans le capital humain, en mettant l’accent sur les jeunes, afin de favoriser les pratiques novatrices, créer des emplois décents et promouvoir l’utilisation de technologies appropriées dans l’agriculture.
- Le développement rural doit être promu et soutenu afin de revitaliser les zones rurales et créer des opportunités d’emploi locales pour les jeunes. Cela nécessite une bonne combinaison de systèmes de gouvernance à plusieurs niveaux, de développement d’infrastructures et d’innovation. Il faut également encourager le développement d’une économie verte dans les zones rurales.
- Le troisième panel de haut niveau sur le thème : Coordination des travaux menés dans le cadre des accords relatifs à la migration et aux réfugiés.
Les participants ont formulé les recommandations suivantes pour contribuer à la mise en œuvre coordonnée des deux pactes :
- Des efforts supplémentaires devront être consentis pour que le contenu des pactes mondiaux relatifs aux réfugiés et aux migrants serve de base aux programmes et aux initiatives des États membres ;
- Une mise en œuvre coordonnée des deux pactes appelle à des approches collaboratives aux niveaux national et régional. À cet égard, les comités directeurs mixtes appuyés par des secrétariats et les groupes de travail dotés de ressources adéquates devront être considérés comme essentiels ;
- Le MCR-Afrique et ses mécanismes de coordination sous-régionaux devront être mis à contribution pour promouvoir la mise en œuvre coordonnée et synergique des deux pactes ;
- Une analyse approfondie devra être faite pour identifier la vulnérabilité, les risques et les menaces pesant sur les populations, pour mieux comprendre ce qui force les personnes à devenir des réfugiés ou des migrants et pour éclairer les mesures et interventions politiques dans les pays d’origine et d’accueil.
Réunion-débat de haut niveau sur le thème : Mécanisme de coordination régionale pour l’appui de l’Afrique au programme de l’Union africaine concernant les réfugiés, les rapatriés et les personnes déplacées internes
- Il est nécessaire de passer du mode de sauveur au mode de prévention en abordant les principaux problèmes d’urgence, et d’adopter des approches intégrées en matière d’interventions. Cela nécessite davantage d’investissements dans les mesures préventives, les États membres prenant les devants et le système des Nations Unies jouant un rôle d’appui ;
- Le système des Nations Unies devra appuyer le renforcement des systèmes d’alerte rapide à tous les niveaux afin de renforcer la résilience des communautés. Cela devra inclure la création d’une base de données sur les zones vulnérables afin d’améliorer les mesures d’alerte rapide et les interventions d’urgence ;
- Il faut s’attaquer résolument aux causes profondes structurelles du déplacement, y compris le changement climatique, les catastrophes, les conflits, les migrations, ainsi que les lacunes dans les fondamentaux qui déterminent le lien paix, sécurité et développement. Le système des Nations Unies devra soutenir cette initiative en renforçant la capacité d’élaboration et de mise en œuvre des stratégies et des plans de réduction des risques de catastrophes et de climat des États membres dans le contexte du Cadre de Sendai et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, ainsi que par l’alignement des Communautés économiques régionales, la Commission de l’Union africaine et des institutions des Nations Unies afin de promouvoir une meilleure coordination des interventions, ainsi que l’efficience et l’efficacité, en tenant compte des principes de complémentarité et de subsidiarité ;
- Pour appuyer la mise en œuvre de la feuille de route de l’Union africaine sur le thème, le Groupe 6 (Questions humanitaires et gestion des risques de catastrophe) du MCR-Afrique devra travailler avec tous les groupes et les mécanismes de coordination sous-régionaux concernés pour obtenir des résultats optimaux.
Il a été observé que l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) ne marquera pas la fin, mais plutôt le début du travail ardu à venir pour que les États membres puissent bénéficier dudit accord.
La principale recommandation découlant de la délibération concerne le fait que les prochaines sessions du MCR-Afrique accordent suffisamment de temps pour examiner les questions relatives à son fonctionnement et à sa mise en œuvre sur les priorités de l’Union africaine et les deux cadres de l’Union africaine-Nations Unies afin de produire des résultats concrets et d’avoir l’impact souhaité.
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