La 52ème session de la CEA débute avec des appels à l’investissement et à la productivité aux dirigeants africains

Marrakech / Addis-Abeba, le 25 mars 2019 (CEA) - Avec une détermination collective, « L’Afrique peut trouver les 680 milliards de dollars américains par an nécessaires pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) en une décennie », déclare Vera Songwe - Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique, aux ministres africains et à des centaines de délégués participant à la 52ème session de la Commission, ce lundi, dans la ville historique du Maroc - Marrakech.

Se référant à la maxime de Nelson Mandela selon laquelle il n’y a aucune passion à jouer petit et à se contenter d’une vie inférieure à celle que nous sommes capables de vivre, Mme Songwe affirme que « pour réaliser ces objectifs, l’Afrique doit tripler son taux de croissance de 3,2% de 2018 » qui « nécessitera une augmentation des investissements et de la productivité ».

« Malgré cet énorme déficit de financement, les pays africains ont le potentiel d’augmenter les recettes de l’État de 12 à 20% du PIB ».

Ceci, dit-elle, peut être réalisé en mettant en œuvre les recommandations du Rapport économique sur l’Afrique 2019, qui vient juste d’être publié par la CEA [ télécharger un exemplaire ici ] et qui préconise l’adoption de politiques budgétaires appropriées ; la taxation des secteurs difficiles à atteindre tels que l’agriculture, le secteur informel et l’économie numérique et l’utilisation de la numérisation dans les programmes, instruments et pratiques de développement.

La responsabilité de la mise en œuvre des réformes nécessaires incombe en grande partie aux ministres africains des finances, de la planification et du développement économique, à qui la session annuelle de la CEA est principalement dédiée, comme l’indique Amina J. Mohammed, Secrétaire générale adjointe des Nations Unies, qui s’est également prononcée à la plénière d’aujourd’hui.

« Vous devez générer des ressources pour atteindre des objectifs ambitieux, dans un espace budgétaire restreint », informe Mme Mohammed, tout en notant que « le Secrétaire général est déterminé à aider tous les pays à aligner leurs investissements et à débloquer des fonds pour financer leurs Objectifs de développement durable ».

Elle présente au public la stratégie de financement des ODD lancée en septembre 2018, par le Secrétaire général Antonio Guterres, dont les objectifs sont les suivants : 1) aligner les politiques financières et économiques mondiales sur ces ODD, 2) renforcer les stratégies de financement et d’investissement aux niveaux régional et national et 3) exploiter le potentiel des innovations financières, des nouvelles technologies et de la numérisation.

Dans ce contexte, Duvvuri Subbarao, ancien Gouverneur de la Banque de réserve d’Inde, expose amplement les avantages de la numérisation. Il explique en détail comment l’Inde réalise l’inclusion financière par le biais de plates-formes intelligentes, nées d’un partenariat étroit entre le gouvernement et le secteur privé, notamment les banques.

L’Inde a déployé avec succès son interface de paiement unifié (UPI), qui est, dit-il, un système robuste et sécurisé facilitant les virements instantanés de banque à banque à l’aide de téléphones mobiles intégrant les détails biométriques des utilisateurs.

Le système, explique-t-il, représente des transactions d’une valeur de 12 milliards de dollars américains par mois. Le succès est énorme car le gouvernement indien a fait des infrastructures numériques un bien public.

C’est une stratégie que l’Afrique et d’autres pays peuvent exploiter pour renforcer davantage leurs systèmes de technologie financière déjà avancés, tels que M-PESSA.

« Il devient donc crucial de disposer de leviers durables pour améliorer l’efficacité, la transparence et la bonne gouvernance de la politique fiscale, notamment par le recours à l’innovation technologique et à la numérisation », déclare Mohamed Benchaaboun, Ministre de l’économie et des finances du Maroc, pour mobiliser les ressources nécessaires à la transformation de l’Afrique, qui a quant à lui, officiellement ouvert la conférence des ministres.

Il fait valoir que la mobilisation de ressources pour mettre en œuvre des stratégies de développement « ne permet pas au gouvernement d’imposer davantage et de dépenser moins, mais d’imposer plus équitablement et de dépenser mieux », alors même qu’il reconnaît les revers en Afrique, également évoqués par d’autres intervenants, notamment les lacunes en matière d’infrastructures, la fracture numérique, un climat des affaires difficile et des cadres judiciaires inadéquats.

« Nous avons le devoir de coopérer » pour surmonter ces difficultés en disant « qu’il n’y a pas d’autre solution » ! déclare la ministre égyptienne de la planification, du suivi et de la réforme administrative, Hala El-Said.

Elle indique qu’il est urgent « d’investir collectivement dans les infrastructures et un meilleur environnement économique » afin de promouvoir le commerce intra-africain qui est « un véritable catalyseur de la croissance économique et de la réduction de la pauvreté en Afrique ».

Omar Hilale - Vice-président du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC), a maintenu une attitude positive affirmant que de tels forums de haut niveau organisés par des instances mondiales et leurs partenaires - notamment les commissions régionales des Nations Unies telles que la CEA - ont fortement contribué à intensifier les efforts de relance pour le développement durable.

« L’Afrique est maintenant prête à lancer son propre modèle de développement durable, comme l’illustre l’Agenda 2063 ».

À l’instar des autres orateurs, il a salué le leadership de la Secrétaire exécutive de la CEA - Vera Songwe – pour son soutien à une Afrique voulant aller de l’avant avec sa dimension régionale en matière de développement durable.

Le segment ministériel de la Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique de 2019, organisé par la CEA, comprend des discussions de haut niveau sur divers éléments du thème, « La politique budgétaire, le commerce et le secteur privé à l’ère du numérique : Une stratégie pour l’Afrique ».

Il propose également une conférence Adebayo Adedeji sur le thème, « La transformation numérique en Afrique : Mythe ou réalité ».

Un rapport illustré intitulé, « CEA - 60 ans en phase avec le développement de l’Afrique » est également en cours de lancement à la Conférence.

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