La transformation productive est un impératif pour l'Afrique – Comité de l'UA

Yaoundé, 08 mars 2019 (CEA) – Il n’existe pas d’autre solution à l’équation du « développement d’un tissue industriel africain, à même de booster notre capacité de production et de transformation, et de réduire notre dépendance à l’égard d’autres continents », a déclaré récemment Dr Joseph Dion Ngute Premier Ministre et Chef du Gouvernement de la République du Cameroun-une observation qui reflète les réflexions actuelles de la CEA sur la transformation structurelle et la diversification des économies africaines.

Dr Joseph Dion Ngute s’exprimait à l’occasion de la troisième session du Comité Technique Spécialisé (CTS) de l’Union Africaine sur les Finances, les affaires monétaires, la planification économique et l’intégration qui s’est achevée à Yaoundé, la Capitale camerounaise en ce jour.

Les discussions de la session qui alimenteront le prochain Sommet des Chefs d’États de l’Union Africaine étaient structurées autour du thème : Politiques publiques et transformation productive.

Le Commissaire aux affaires économiques de l’Union Africaine, Pr. Victor Harison a profité de cette occasion pour rendre hommage à la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) et à de nombreuses autres institutions et partenaires au développement en Afrique pour leur travail assidu avec l’UA visant la transformation de la production sur le continent.

Pr. Victor Harison a déclaré que le concept de la transformation de la production est une indication claire de la diversification des économies en vue des secteurs à forte valeur ajoutée.

Ceci met en évidence le rôle indispensable du secteur secondaire comme une grande base pour l’emploi qui devrait contribuer plus que jamais à une croissance économique inclusive en Afrique tel que l’a observé le Ministre camerounais des Finances, Louis Paul Motaze qui a accueilli les participants de la session.

Quelles mesures doit prendre l’Afrique afin de stimuler son secteur secondaire à travers une industrialisation massive ?

D’après Pr. Emmanuel Nnadozie, Secrétaire exécutif de la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (ACBF), quatre actions doivent être entreprises à cet égard : 1) mettre en place un ensemble de stratégies et de politiques appropriées pour l’industrialisation massive ; 2)prendre des engagements essentiels pour la mise en valeur des capacités industrielles, en particulier grâce à l’aménagement des infrastructures énergétiques et de transport ; 3) créer un environnement favorable afin d’attirer les investisseurs ; 4) mobiliser le soutien externe et interne ancré dans la confiance de l’Afrique dans sa capacité à s’industrialiser ; 5) engager des actions pour provoquer des changements en « joignant le geste à la parole » ; 6) faire montre d’un leadership visionnaire et transformateur à tous les niveaux.

« La présente session du CTS tout comme d’autres événements de haut-niveau tel que la Conférence des ministres et le Comité intergouvernemental d’experts de la Commission sert de cadre à un dialogue de haute facture permettant d’appréhender les facteurs contraignants et les opportunités inhérents à la transformation productive dans l’optique de trouver des solutions y afférentes », a déclaré Antonio Pedro, Directeur du Bureau Sous-régional de la CEA pour l’Afrique Centrale.

Il a relevé que c’est grâce à un tel dialogue que le Consensus de Douala sur la diversification économique au moyen de l’industrialisation impulsée par les ressources et induite par le commerce a été adopté conjointement par la CEA et les représentants des États membres de l’Afrique Centrale en septembre 2017.

“Nous nous réjouissons de ce que certains pays de la sous-région prennent des mesures en vue d’opérationnaliser le concept de la diversification économique tel que présenté brièvement dans le Consensus de Douala. Toutefois, il ne s’agit pas d’une solution miracle. Cela requiert un diagnostic complet et adéquat, une planification intégrée et stratégique, une action audacieuse et coordonnée des acteurs multiples. Notre Bureau procède à la mise en place d’un ensemble de connaissances et de pratiques sur la diversification économique que nous déployons d’ores et déjà au profit de nos États membres et de l’Afrique Centrale en général », a poursuivi M. Pedro.

En substance, «le point de départ de la transformation productive est la diversification économique qui va au-delà de l’agriculture traditionnelle et des matières premières pour inclure la transformation des produits agricoles, les services à forte valeur ajoutée pour l’économie numérique et l’activité manufacturière », a déclaré Dr K.Y. Amoako, ancien Secrétaire exécutif de la CEA et actuel Président du Centre africain pour la transformation économique (ACET).

Dr K.Y. Amoako a par ailleurs déclaré que ce processus débouchera sur une « croissance en profondeur » qui nécessite également un intérêt pour les exportations concurrentielles et la mise à contribution de la technologie.

« Je retiens de la présente rencontre qu’une meilleure coordination entre nos institutions africaines est nécessaire en ce sens qu’elle nous permettra d’avoir un discours commun et cohérent sur les défis liés au développement de l’Afrique et d’explorer des pistes de solutions à ces défis ainsi que des mesures à adopter pour aider le continent à réaliser l’objectif de l’« Afrique que nous voulons », a suggéré Adam Elhiraika, Directeur de la Division des politiques macroéconomiques à la CEA.

L’une de telles mesures requises repose sur le renforcement du développement du capital humain et la mise en place des institutions crédibles en matière d’investissement et d’écosystème d’affaire en Afrique.

«Il est absolument nécessaire de créer une agence africaine de notation –ayant une compréhension granulaire de la réalité de chaque pays et de l’Afrique en général, toute chose qui permettra de garantir une évaluation plus précise des risques, des défis et des opportunités, débouchant ainsi sur des cotes de crédit qui reflètent les réalités sur le terrain », a-t-il déclaré.

La CEA accompagne actuellement les initiatives dans cette perspective.

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