L’innovation, la solution à la création d’emplois indispensables en Afrique, déclare Songwe

Addis-Abeba, le 5 mars 2019 (CEA) – L’Afrique doit innover pour créer suffisamment d’emplois décents pour sa population jeune et croissante, déclare ce mardi, la Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), Vera Songwe.

S’exprimant à Addis-Abeba, lors d’une table ronde conjointe CEA-Banque mondiale sur les emplois et la transformation économique, Mme Songwe dit qu’avec la croissance démographique de l’Afrique, estimée à 1,7 milliard d’habitants d’ici 2030, un taux de croissance de plus de 8% par an est nécessaire pour créer au moins 120 millions d’emplois pour les jeunes entrant sur le marché du travail d’ici à 2030.

« La question de l’emploi et de la transformation économique préoccupe presque tous les dirigeants africains », dit-elle, ajoutant qu’une action immédiate sur tous les fronts est impérative pour relever le défi de l’emploi sur le continent de manière structurelle.

« L’Afrique se développe à nouveau mais nous devons faire mieux et davantage. Il est décourageant de constater chaque jour que de plus en plus d’Africains sombrent dans la pauvreté. C’est pourquoi il est impératif que nous débats s’articulent autour de la création d’emplois sur le continent », ajoute Mme Songwe.

L’innovation, indique-t-elle, est un facteur majeur de croissance et de développement économiques, étape, essentielle pour que le continent crée suffisamment d’emplois, en particulier pour les jeunes.

« La numérisation joue plus que jamais un rôle important dans la transformation économique de l’Afrique et peut ouvrir des perspectives sur les marchés du travail, en allant au-delà des marchés grâce à la libre circulation des personnes », informe-t-elle, ajoutant que la numérisation transforme le mode de fonctionnement des entreprises, le déplacement des individus du secteur informel vers le secteur formel.

Mme Songwe évoque également la nécessité pour les économies africaines de stimuler une industrialisation adéquate grâce à un commerce intra-africain accru.

« Alors que la numérisation et le commerce créent de nouvelles opportunités de transformation économique par la création d’emplois, il sera important pour les décideurs politiques de recalibrer les politiques visant à renforcer le capital humain. Les politiques visant une population hautement qualifiée, compétente et en meilleure santé sont pertinentes pour assurer la prospérité et réduire ainsi la pauvreté sur le continent », ne manque-t-elle pas de dire.

Pour sa part, Akihiko Nishio, Vice-Président du Financement du développement à la Banque mondiale, indique qu’il est opportun qu’ils discutent des emplois et de la transformation économique en Éthiopie.

Ayant visité le Parc industriel éthiopien Bole-Lemi la veille, informe-t-il, « c’était impressionnant de voir comment l’expérience éthiopienne montre que des initiatives ambitieuses, tournées vers l’avenir et bien exécutées peuvent avoir un impact considérable à l’appui à la transformation et à la création d’emplois ».

« Pour la plupart des pays en développement et des institutions de développement comme le nôtre, la nécessité de créer des emplois plus nombreux et de meilleure qualité reste une priorité

absolue pour le développement. Les emplois sont une source de revenus, un moyen d’augmenter la productivité et de répondre aux aspirations de centaines de millions de personnes », avoue M. Nishio.

Les défis sont de taille, précise-t-il, ajoutant que l’Afrique a besoin de créer au moins 15 millions d’emplois chaque année pour suivre le rythme de sa démographie.

« Manquer à créer de bons emplois pour la population croissante de jeunes risque non seulement de gâcher le dividende démographique, mais aussi d’accroître les risques sociaux, contribuant à la fragilité et poussant les jeunes à migrer à l’étranger à la recherche de meilleures opportunités », révèle M. Nishio.

Il ajoute que pour relever le défi de l’emploi, il faut une transformation économique.

« Cela signifie transférer les travailleurs des activités à productivité faible à des activités dirigées par un secteur privé dynamique et soutenues par des mesures de politique publique. Cela ne se fait pas du jour au lendemain, mais nécessite un leadership engagé, des investissements et des efforts soutenus et un soutien concerté de tous les partenaires », ne manque-t-il pas d’ajouter M. Nishio.

C’est pourquoi, depuis 2017, dit-il, avec le soutien des donateurs et des emprunteurs de l’Association internationale de développement, la Banque mondiale a adopté le thème « Emplois et transformation économique (JET) » comme thème spécial dans le cadre de IDA18 afin de mieux cibler son soutien aux pays les plus pauvres du monde et de délibérer.

L’atelier conjoint s’est penché sur trois domaine prioritaires à savoir, la transformation numérique, le commerce et les chaînes de valeur mondiales et le capital humain pour l’emploi.

 

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