AEC2018 : L’Afrique doit se concentrer sur sa grande ressource - ses jeunes, disent les experts

Kigali, Rwanda, le 3 décembre 2018 (CEA) - Le Professeur Paul Collier, l’un des économistes du développement les plus influents au monde, met en garde que les dix années « easy decade » de croissance économique accélérée de l’Afrique touche à sa fin et que seule une création d’emplois et une intégration accélérées garantiront une croissance et un développement durables sur tout le continent.

Tel est le discours liminaire de M. Collier, Professeur d’économie et de politique publique à la Blavatnik School of Government de l’Université d’Oxford, lors de l’édition 2018 de la Conférence économique africaine, organisée par la Banque africaine de développement, la Commission économique pour l’Afrique et le Programme des Nations Unies pour le développement, à Kigali, au Rwanda.

Il a pris la parole ce lundi, premier jour de la conférence de trois jours, lors d’un panel de haut niveau sur « Les facteurs, les opportunités et les leçons pour l’intégration de l’Afrique » qui réunissait des experts et des décideurs de haut niveau, qui faisaient des observations et donnaient leurs points de vue sur la question de l’intégration régionale et continentale.

Les 10 années de l’Afrique sont révolues ; mais la dernière décennie de croissance africaine n’était pas durable. Maintenant, l’Afrique doit se concentrer sur sa grande ressource – sa jeunesse. Aucun autre continent n’a autant à offrir que l’afflux de jeunes travailleurs. Les emplois productifs sont la priorité », déclare Collier.

« Les jeunes ne peuvent pas créer d’emplois prioritaires par eux-mêmes. Ces emplois doivent être créés. La principale tâche des décideurs politiques en Afrique au cours de la prochaine décennie est donc de créer des emplois productifs pour les jeunes à un rythme jamais vu auparavant ».

Collier ajoute que la connectivité entre les pays africains libérera le potentiel de nombreux pays et que cette connectivité doit être à la fois en termes de transport physique et d’idéologie politique.

« Les petits pays sont condamnés à la pauvreté s’ils ne disposent pas de marchés ouverts et de sociétés libres. Et pourtant, le pays africain typique est petit, avec des marchés fermés. C’est une combinaison désastreuse. La Zone de libre-échange continentale africaine est donc un pas en avant très important », dit-il.

Le Professeur Ademola Oyejide, Professeur émérite d’économie à l’Université d’Ibadan et Président du Centre pour le commerce et les initiatives de développement, souligne également que l’intégration régionale doit conduire à l’intégration continentale globale.

« Nous ne devons pas détruire les Communautés économiques régionales par le protectionnisme et les obstacles inutiles au commerce. En tant que dirigeants africains, nous ne sommes pas en train de concevoir des programmes régionaux théoriques : nous attendons de réels progrès des blocs régionaux », indique-t-il.

Le Professeur Klaus Zimmermann, Président de l’Organisation mondiale du travail (Global Labour Organization), ajoute : « L’Afrique est maintenant sur la bonne voie et doit avancer dans la direction de la ZLECA. L’un des principaux atouts de cet enjeu est le peuple africain ».

La Secrétaire exécutive adjointe de la CEA, Giovanie Biha, qui participait également au panel, renforce les appels lancés au continent pour que ce dernier donne la priorité à sa jeunesse en s’assurant que la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) facilite la création d’opportunités pour les entreprises durables qui créeront qui à leur tour créeront les emplois pour les jeunes africains.

Emmanuel Nnadozie, Secrétaire exécutif de la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique, informe que les gouvernements doivent adopter des politiques leur permettant de diversifier l’économie de leur pays et de réduire leur dépendance vis-à-vis des produits de base.

La Zone de libre-échange continentale stimulera les échanges intra-africains jusqu’à 35 milliards de dollars par an, ce qui entraînera une augmentation de 52% des échanges d’ici 2022 et une réduction vitale de 10 milliards de dollars des importations en Afrique.


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