Quand il est question d’innovation, les Africains doivent se fier à leur propre savoir

Addis-Abeba, 04 novembre 2014 (CEA) - Les Africains doivent avoir foi en leurs propres connaissances. Tel est l’avis qu’un chercheur africain, Hilary Nwokeabia, a soutenu devant la 9ème édition de la Conférence économique africaine, le dimanche 2 novembre, à Addis Abeba.

Un des intervenants sur le thème « Génération de connaissances pour la transformation structurelle », Nwokeabia, a dit que « les connaissances jouent un rôle important dans des secteurs cruciaux tels que la sécurité alimentaire, l’agriculture locale, la construction, les divertissements et les soins médicaux, qui ensemble représentent jusqu’à 80 % de l’économie africaine ». Pourtant, les activités liées à la réalisation/la mise en œuvre de l’agriculture locale, de la sécurité alimentaire, de la construction, des loisirs et des soins médicaux n’ont pas été correctement comprises pour différentes raisons. « Les Africains ont à croire en leurs propres connaissances », a-t-il déclaré.

Dans son exposé consacré à la « Croissance industrielle équitable en Afrique : le rôle des institutions de connaissances locales », il a fait valoir la nécessité d’agencer des politiques et des pratiques capables de conforter les connaissances locales et de contribuer directement au développement de communautés. À l’appui de sa thèse, Nwokeabia a parlé des modèles de la motivation et de l’échelle de la croissance. Il a également traité de « l’échec de l’innovation et de la connaissance en Afrique » comme moyens de générer l’industrialisation.

Une constatation majeure de la vie africaine, a-t-il expliqué, tient au fait que « nous passons par une phase de pluralisme technologique, dont il résulte que l’Africain moyen est confronté à deux types de connaissances - la connaissance importée et celle que nous utilisons pour assurer nos moyens d’existence, c’est-à-dire le savoir traditionnel ».

Il a d’autre part affirmé que les Africains ne se soucient pas toujours de protéger des innovations individuelles et locales, ainsi que des droits de propriété intellectuelle. « Il en a découlé des incidences négatives sur l’utilisation ouverte et la continuité de l’innovation au sein du système africain des connaissances ».

Usant d’un langage simple et pragmatique, Nwokeabia a expliqué que pour l’habitant typique de l’Afrique de l’Ouest, « la consommation de soupe d’Egusi sera beaucoup plus fréquente que celle de lasagnes », mais que cet Africain dispose de ces deux aliments. De plus, a-t-il ajouté, « les Africains possèdent leurs propres types de vins locaux, qu’il consomment assurément, mais il préfèrent boire du champagne et des vins importés ».

À son sens, il y a un problème dans le fait que rares sont les Africains qui disposent d’une connaissance importée relative au champagne. Ils ignorent comment on fabrique du champagne, et il leur est plus facile d’apprendre comment transformer des produits locaux.

« La majorité des Africains disposent de connaissances uniques qui ont soutenu leurs sociétés à travers les âges », a-t-il remarqué.

De ce fait, l’innovation dans le système local ne peut être actuellement pratiquée en tant qu’activité commerciale, et ne pourrait apporter une contribution optimale à la croissance industrielle. « Si on leur accordait une protection institutionnelle appropriée, les innovateurs d’aujourd’hui pourraient passer à l’étape suivante de l’innovation sans redouter les empiètements », a-t-il ajouté.

Nwokeabia a également soutenu que l’absence d’un dispositif approprié de protection des droits de propriété intellectuelle a freiné l’évolution du système du savoir en Afrique, conduisant les meilleurs innovateurs africains à mettre leurs idées sous le boisseau ou à ne pas se soucier de leur intérêt potentiel.

 

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