Dakar, 24 mai 2018 – Dans le cadre de sa série de Séminaires sur le Développement, l’Institut de Développement Economique et de Planification (IDEP) a abrité une table ronde sur le thème « Remporter la lutte contre la corruption en Afrique ». Ce séminaire a réuni plus de 60 experts de haut niveau : les ambassadeurs du groupe africain du corps diplomatique accrédité au Sénégal et leurs homologues des autres continents, des fonctionnaires de haut-niveau, ainsi que des représentants d’organisations internationales travaillant sur des questions relatives au développement économique du continent.
Le séminaire s’est tenu à la veille de la journée mondiale de l’Afrique, célébrée le 25 mai. Cette année l’opportunité a été saisie pour approfondir la réflexion sur les efforts de lutte contre la corruption en Afrique et les meilleures pratiques en matière de politiques nationales des Etats Africains dans ce domaine. L’IDEP et les membres du groupe africain du corps diplomatique accrédité au Sénégal ont apporté leur contribution à la réflexion des Chefs d’Etat sur le thème 2018 de l’Union Africaine (UA) : « Remporter la lutte contre la corruption : une voie durable vers la transformation de l’Afrique ». L’importance de la volonté politique est revenue plusieurs fois dans les interventions des panélistes et des participants. Tous les pays qui ont de relatives bonnes performances dans les classements sur la corruption ont en commun l’engagement des leaders politiques dans la mise en œuvre effective des stratégies de lutte contre ce fléau.
Le Doyen du Groupe africain, Son Excellence Monsieur Auguste Paraina, Ambassadeur de Madagascar, a partagé son optimisme étant donné « la détermination de nos Chefs d’Etat, rien ne sera plus comme avant, des avancées significatives seront réalisées dans la lutte contre la corruption ».
De l’avis de Mme Karima Bounemra Ben Soltane, Directrice de l’IDEP, cette décision des Chefs d’Etat africains de remporter la lutte contre la corruption et leur prise de conscience de l’urgence et de l’ampleur du défi permettra de restaurer la confiance entre les décideurs et les populations dans le continent. Selon elle, un impératif est toutefois de bien intégrer la lutte contre la corruption dans les plans nationaux de développement. « La tendance à la reprise économique dans le continent ne peut s’inscrire dans la durée si les principaux défis auxquels nos pays font face, au premier titre desquels figure la lutte contre la corruption, ne sont pas relevés de manière déterminée et forte » a-t-elle déclaré.
Le Secrétaire général du Ministère de la Bonne Gouvernance et de la Protection de l’Enfance du Sénégal, M. Oumar El Foutiyou Ba, s’exprimant au nom de Madame la Ministre Ndèye Ramatoulaye GUEYE DIOP a rappelé que ce type de rencontre constitue une plateforme appropriée pour partager des expériences et réfléchir sur les meilleures pratiques en matière de lutte contre la corruption en Afrique.
Les différents rapports phares de la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) soulignent aussi le rôle clé de la gouvernance et la nécessité de prendre en compte la dimension internationale. Pour ce faire, il est requis que les décideurs et fonctionnaires soient mieux outillés en matière de négociations des contrats économiques notamment dans les secteurs où les entreprises multinationales sont les plus présentes, a déclaré Dr. Francis Ikome, chef de la section Gouvernance et Gestion publique à la CEA. Pour les ambassadeurs, il est tout aussi important que les dirigeants africains trouvent des moyens adaptés pour que leurs homologues occidentaux s’engagent aux côtés de l’Afrique dans cette lutte contre la corruption.
Les participants ont aussi été invités à réfléchir sur les causes et le cercle vicieux de la corruption, voire même repenser les stratégies. Selon le Secrétaire Exécutif du CODESRIA, Dr. Godwin Murunga, rien ne peut justifier la corruption mais il faudrait aussi s’intéresser aux réflexions alternatives sur ses causes qui sont, pour la plupart, liées au sous-développement. Pour le Représentant résident de l’ONUDC, M. Pierre Lapaque, « il ne faut pas minimiser la relation entre la corruption et l’insécurité causé par le terrorisme notamment dans des pays en situation de conflit latent ». Dr. Ibrahima Aidara, Administrateur du programme gouvernance et avancement économique à OSIWA, a rappelé que « les gouvernements et organisations sous-régionales et régionales devraient régulièrement faire l'état des lieux de leurs stratégies de lutte contre la corruption afin de les réajuster ou même de les changer si elles s’avèrent inefficaces ».
« Tout en repensant les stratégies, le combat contre la corruption, véritable défi de gouvernance, permettrait de lever une entrave à la mobilisation des ressources nécessaires au financement du développement de l’Afrique et ainsi accélérer la réalisation des objectifs de développement et de transformation définis dans les Agenda 2030 et 2063. », a ajouté Mme Karima Bounemra Ben Soltane. En effet, elle a réaffirmé, par la même occasion, la détermination de l’IDEP à poursuivre l’accompagnement de ses Etats membres à travers ses programmes de renforcement de capacités portant notamment sur des sujets comme la gouvernance pour le développement, les politiques et négociations des contrats économiques, et la mobilisation des ressources domestiques qui abordent, entre autres, les meilleures stratégies de financement du développement.
Somme toute, les Ambassadeurs ont félicité unanimement l’IDEP et se sont tous réjouis des discussions importantes qui se sont déroulées en prélude à la journée mondiale de l’Afrique. Il a été convenu de garder cette plateforme diplomatique pour des rencontres sur des problématiques du développement du continent.
Contact presse/media :
M. Audrey RHODES : 33.829.55.05 ; a.rhodes@unidep.org
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