Addis-Abeba, le 03 novembre 2014 (CEA) - « Le niveau de développement du secteur manufacturier influence-t-il la croissance économique en Afrique ? » À cette question, Marc Luc Dagebégnon Akplogan, répond que « la relation entre le secteur manufacturier et la croissance économique dépend de la dotation en ressources naturelles des pays. »
Dimanche 2 novembre 2014, au deuxième jour de la Conférence économique africaine qui se tenait cette année à Addis-Abeba (Ethiopie), cet ingénieur statisticien économiste à l’Institut national de la statistique et l’analyse économique (INSAE) du Bénin, présentait une communication intitulée « Secteur manufacturier, ressources naturelles et croissance économique en Afrique : une approche par les panels dynamiques ».
De son point de vue, « il existe une relation positive et significative entre croissance économique et croissance de la valeur ajoutée manufacturière », même s’il a reconnu durant son intervention que « la forte part des exportations en ressources naturelles ainsi que les rentes qui en sont tirées ont des effets contraires importants sur la croissance en Afrique ». De fait, « la concentration des exportations en produits manufacturiers a un impact positif sur la croissance, si et seulement si la part des ressources naturelles dans le total des exportations est inférieure a une certaine valeur critique, 50 % des exportations », a-t-il développé.
La part des produits manufacturiers dans les exportations pour l’ensemble des pays en voie de développement est passée de 25 % à près de 35 % entre 1980 et 2005, a précisé le conférencier, assurant aussi qu’en Afrique sub-saharienne la part des exportations des matières premières dans l’ensemble des exportations a connu une tendance baissière durant la période 1998-2010.
Et Marc Luc Akplogan d’affirmer que « le niveau des valeurs ajoutées manufacturières dans le produit intérieur brut n’a pas atteint un seuil critique pour tirer significativement le niveau du produit par tête d’habitant en Afrique ». Selon lui, la valeur ajoutée du secteur agricole, encore faible, a un effet négatif et significatif sur la croissance.
Rappelant que l’industrialisation est devenue, ces cinquante dernières années, un « enjeu des débats économiques », le panéliste soutient que « les exportations de produits de base ne peuvent pas procurer aux pays africains de croissance économique forte et durable, car la plupart des économies africaines reposent sur une agriculture à faible valeur ajoutée. »
Et d’inviter les pays africains à promouvoir, d’une part, l’augmentation de la production agricole, et d’autre part, le développement d’opportunités autres que dans l’agriculture, notamment dans la transformation des matières premières et les services.
Marc Luc Akplogan en est convaincu : une telle politique permettrait ainsi de réduire significativement la pauvreté, d’assurer des emplois aux jeunes, dont on estime qu’ils sont entre 7 et 10 millions à entrer chaque année sur le marché du travail.
Selon lui, l’Afrique est riche en ressources naturelles et humaines, de quoi étayer un essor de la production et du commerce agricoles.
Car l’Afrique est dotée de 733 millions d’hectares de terres arables, soit environ 27 % du total mondial, selon des données présentées lors de la Conférence.
Membre de l’Université Uturu dans l’Etat d’Abia (Nigeria), Chidozie Anyiro a présenté à son tour une communication intitulée « Adopter l'innovation pour l'ajout de valeur du manioc et ses conséquences pour les moyens de subsistance en milieu rural : le cas de femmes rurales dans l'État d'Abia au Nigeria». L’étude porte sur les effets des innovations technologiques sur la consommation du manioc, aliment de base des femmes rurales de l’Etat d’Abia.
Les innovations technologiques apportées dans la transformation alimentaire du manioc ont eu des effets économiques positifs sur la vie des femmes rurales de cet État nigérian, selon l’auteur. Il appelle d’ailleurs les gouvernements africains à vulgariser les nouvelles technologies auprès des populations rurales, afin de les aider à améliorer leurs habitudes alimentaires et à accroître leurs revenus.
Cette 9e édition de la Conférence économique africaine se tient jusqu’au lundi 3 novembre 2014, réunissant décideurs politiques, chefs d’entreprises, économistes et universitaires venus du monde entier, autour du thème « Savoir et innovation pour la transformation de l’Afrique ».
Organisée chaque année par le Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), la Commission économique pour l'Afrique des Nations unies (CEA) et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), elle offre l’occasion d’étudier la façon de mettre à profit le savoir et l’innovation pour la transformation économique du continent.
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