Lutte contre la corruption, critique pour le développement durable de l’Afrique, dit Songwe de la CEA

Addis-Abeba, Éthiopie, le 25 janvier 2018 (CEA) - La corruption retarde l’Afrique depuis trop longtemps et il est temps d’étouffer le fléau dans l’œuf, déclare Mme Vera Songwe, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique (CEA).

Dans un discours inaugural vigoureux à la 32ème session ordinaire du Conseil exécutif de l’Union africaine, Mme Songwe dit que le potentiel économique de l’Afrique peut être débloqué si l’on met fin au fléau de la corruption.

« L’injustice de la corruption survenue au sein de nos institutions, est plus puissante que toute autre injustice à laquelle les Africains pourraient faire face », indique-t-elle.

« Mais il est de notre devoir de remédier à ce fléau, c’est pour cela que je félicite l’Union africaine d’avoir accepté ce thème comme principal cri de guerre de l’Organisation pour le Sommet de l’année prochaine ».

Ledit Sommet se tiendra sous le thème, « Vaincre la lutte contre la corruption : une voie durable vers la transformation de l’Afrique ».

Le chef de la CEA informe que la seule formule logique et gagnante pour une véritable indépendance et pour une Afrique transformée est un continent qui aura conquis collectivement la corruption.

« Où est l’Afrique que nous voulons quand nos jeunes ne croient pas en leurs dirigeants et leurs institutions réalisant ce dont ils ont le plus besoin, quand ce contrat social est rompu », demande Mme Songwe.

« Comment pouvons-nous obtenir l’Afrique que nous voulons quand les femmes en Afrique rurale ne peuvent pas avoir accès à la terre et ses garanties pour nourrir leurs familles et assurer la santé de leurs enfants, à cause de la corruption » ?

Elle poursuit : « Comment pouvons-nous obtenir l’Afrique que nous voulons quand nous laissons des milliards sortir du continent seulement pour passer notre temps à mendier pour des sommes minimes à cause de la corruption » ?

« Nous sommes à un carrefour - les jeunes attendent, désespérés et anxieux de savoir quelle voie, les dirigeants réunis ici, aujourd’hui, leur permettront de prendre. C’est pourquoi le sujet de la corruption ou de la lutte contre la corruption est si approprié ».

La Chef de la CEA précise que la mise en œuvre réussie de l’Agenda 2030 pour le développement durable et de l’Agenda 2063, le Programme de développement de 50 ans de l’Afrique, nécessite des ressources financières substantielles, dont la plupart doivent être mobilisées à l’intérieur du continent.

« Cela signifie que le continent ne peut pas se permettre de continuer à souffrir de telles types de fuites financières auxquels il a dû faire face ces dernières années à travers diverses formes d’actes et de pratiques de corruption », fait savoir Mme Songwe.

Elle ajoute : « Placer la lutte contre la corruption au sommet de l’agenda de notre organisation continentale est un pas dans la bonne direction étant donné que près de la moitié de la population sur le continent pense que nos gouvernements ont échoué ou ont été incapables de résoudre correctement les impacts complexes et étendus de la corruption sur la mobilisation des ressources, l’allocation des ressources et les résultats du développement sur le continent ».

Malgré les incursions, dit-elle, la corruption reste endémique, menaçant la transformation de la région et le développement durable.

Les efforts de la CEA pour aider l’Afrique à combattre la corruption

Mme Songwe indique que la CEA a, au cours des années, travaillé avec l’Union africaine et la Banque africaine de développement pour concevoir et soutenir des programmes de lutte contre la corruption.

« Nous continuons de soutenir le processus du MAEP et le travail sur les Flux financiers illicites. Nous travaillons également de plus en plus avec les gouvernements pour améliorer leurs processus fiscaux et douaniers », dit-elle.

La CEA a consacré la cinquième édition de son rapport phare, le Rapport sur la gouvernance en Afrique, à la mesure de la corruption, avec un accent particulier sur les dimensions internationales du fléau. Suite à cette publication, la CEA s’est associée au Conseil consultatif sur la corruption de l’Union africaine (AUABC) pour entamer une conversation sur l’élaboration d’une mesure de la corruption menée par l’Afrique et centrée sur celle-ci.

Cela s’inscrit dans le cadre de la collaboration de longue date entre la CEA et le Conseil consultatif de l’UA sur la corruption, qui a vu les deux institutions développer et déployer un programme anti-corruption de cinq ans. Le programme a produit un certain nombre de résultats, notamment une loi anti-corruption modèle, et un concours de rédaction pour les jeunes, destiné à préparer les ambassadeurs de la jeunesse à défendre le combat contre la corruption sur le continent.

« Au nom de l’équipe de la CEA, nous nous engageons à soutenir la Commission de l’Union africaine et tous les États membres dans la mise en place de politiques susceptibles de résoudre le problème de la corruption », informe-t-elle.

Il s’agit notamment de travailler avec les États membres en vue de renforcer leurs cadres juridiques et institutionnels dans la lutte contre la corruption ; améliorer la transparence fiscale et pratiquer une bonne gouvernance financière, notamment en améliorant le système de passation des marchés publics, le régime des contrats, le système fiscal et le renforcement des capacités institutionnelles d’audit et de contrôle ; soutenir la participation des citoyens dans des domaines tels que le suivi budgétaire, la performance des entreprises publiques et la fourniture de services sociaux et soutenir la mise en œuvre de la Convention de l’UA sur la prévention et la lutte contre la corruption, y compris le renforcement des capacités du Conseil consultatif de l’UA sur la corruption.

Le Président de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, souligne que la Commission est prête à s’attaquer à la corruption, ajoutant que l’organisme panafricain doit être financièrement indépendante. Mme Songwe et M. Mahamat ont également parlé des réformes de l’UA, de son autofinancement et de la Zone de libre-échange continentale (ZLEC).


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