Addis Abeba, 22 mai 2013 (CEA) - «Tout comme nos ancêtres ont jeté les bases de notredignité et nous ont libérés de l’oppression, nous avons la responsabilité collective de mettre en place des fondements solides pour la prospérité des générations présentes et à venir». Cette déclaration a été faite aujourd’hui par M. Carlos Lopes, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Afrique, à la vingt-troisième session ordinaire du Conseil de l'Union africaine qui a eu lieu les 22 et 23 mai, avant l'arrivée des chefs d'État et de gouvernement à la fin de la semaine.
Tout en reconnaissant les progrès accomplis par le continent au cours des cinquante dernièresannées, il a exhorté le Conseil à ne pas se laisser griser par les évaluations positives venant de l’extérieur.
«Il est indispensable que l’Afrique ne perde pas de vue ses enjeux historiques, s’imprègne ducontexte actuel et s'efforce de contrôler ce qui se dit à propos de ses perspectives de développement », a-t-il dit, etde souligner la nécessité d'entreprendre notre propre analyse franche, d’établir des statistiques robustes dans nos pays, de parvenir à nos propres conclusions sur les orientations futures du continent et de tirer les enseignements de l’histoire et d’autres pays pour construire le propre programme de transformation de l'Afrique.
Il a également dit que ce n'était pas un hasard si, en raison de l'importance accordée à la transformation structurelle, « nous voyons maintenant une Afrique qui est en train de croître, plus confiante et jouant un rôle plus important sur la scène mondiale ». « Autrement dit, nous sommes à l'aube de la renaissance africaine ».
Le Secrétaire exécutif a souligné certaines questions stratégiques clés à l'attention du Conseil,qui, a-t-il souligné, doivent être abordées dans le but de réaliser la transformation structurelle du continent: la nature des relations de l'Afrique avec la communauté internationale et la nécessité de se débarrasser des perceptions négatives.
Á propos des relations avec la communauté internationale, M. Lopes a appelé à un plus grand nombre de partenariats bénéfiques pour renforcer la transformation structurelle du continent. « Cela veut dire une meilleure négociation des contrats. Cela veut dire la capacité d’attirer des capitaux en dissipant les mythes et l'incompréhension des conditions régnant sur le continent. Cela signifie ‘dire non’quand un projet n'est pas bénéfique pour l'Afrique. Cela signifie l'Afriqued'abord»", a-t-il dit.
En ce qui concerne les perceptions négatives, il a déclaré que l'Afrique a besoin de se tenir éloignée des conflits, « qu'il s'agisse de conflits interétatiques, de guerres civiles, d’
insurrections, de terrorisme, de piraterie, et autres ». Il a ajouté que ces conflits etcertaines questions de gouvernance continuent de définir l'Afrique aux yeux dumonde extérieur, mais l'Afrique pourrait ne pas être « pire que d’autres régions en pareils cas ».
« Cela signifie une meilleure gouvernance à tous les niveaux. Cela signifie que nous devons endiguer les flux financiers illicites et assurer une gouvernance participative ».
Il a dit au Conseil que les Africains ne devraient pluslaisser ces perceptions négatives coller à la peau de l’Afrique que les Africains doivent « prendre le contrôle de ce qui se dit à propos du continent,et que nous ne pouvons pas continuer à compter sur la sagesse inculquée ».
Eu égard à l'apprentissage par l'histoire et l’ailleurs, il a appelé à la construction du propre programme de transformation de l'Afrique. «Si nous sommes conscients de cela, il est alors évident que l'État a un rôle important à jouer dans le développement », a déclaré Lopes, soulignant que cela concerne en particulier la politique industrielle, la mise en place d'infrastructures, la bonne gestion des ressources naturelles ainsi que la recherche et le développement.
Il a également noté que la vision globale et réalisableconcrétisée dans le Projet Africa 2063 de l’Union africaine, auquel la CEA et la Banque africaine de développement (BAD) apportent leur soutien, exige de tous une énergie dévouée, notamment des gouvernements, du secteur privé, de la société civile, des femmes et des groupes de jeunes.
M. Lopes a mentionné des intellectuels et des pionniers dupanafricanisme comme Marcus Garvey, W.E.B. DuBois et George Padmore, Mwalimu Julius Nyerere et reconnu le rôle qu’ils ont joué dans la promotion des idéaux qui ont abouti à la création de l'unité du continent et à la fondation de l'OUA, manifestation politique de cenoble objectif ; il a rappelé aussi les mots de Patrice Lumumba «l'Afrique écrira sa propre histoire et à la fois au nord et au sud, ce sera une histoire de gloire et de dignité ».
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