Addis-Abeba, 03 avril 2016 (CEA) - Les pays peuvent décider de la voie à suivre pour parvenir au développement. Les pays parviennent à se développer parce qu’ils veulent exceller dans les projets de développement qu’ils entreprennent », a déclaré l’éminent économiste du développement, M. Ha-Joon Chang, à un auditoire dimanche lors de la deuxième conférence annuelle Adebayo Adedeji en marge de la Semaine africaine sur le Développent qui se déroule actuellement au siège de la Commission économique pour l’Afrique à Addis-Abeba.
Reconnu pour ses idées novatrices sur les théories du développement, M. Chang a expliqué qu’il existe diverses voies vers le développement et l’industrialisation. Citant la Corée du Sud comme un exemple d’industrialisation à succès, M. Chang a déclaré que l’histoire regorge d’exemples de pays qui tracent une route différente de celle que les institutions internationales leurs invitent à suivre.
« La plupart des économies développées sont parvenu à assurer la croissance de leurs économies grâce à une industrie naissante», a poursuivi M. Chang. La stratégie de cette politique consiste à développer des compétences et à protéger le marché intérieur jusqu’à ce qu’il atteint sa maturité ».
« La protection de l’industrie naissante offre la possibilité d’améliorer les capacités de production, mais ne conduit pas automatiquement à l’augmentation de la productivité ». M. Chang a expliqué que les pays commettent l’erreur fréquente de ne pas investir pour accroître les moyens de productivité, notamment les machines, la recherche & le développement et le renforcement des capacités.
Par conséquent, il plaide pour qu’un accent soit mis sur l’activité manufacturière étant donné l’interconnexion de ce secteur avec les autres industries et sa capacité à booster des industries complémentaires. M. Chang met en garde contre la relégation des exportations au second rang car « le développement économique requiert l’essor des exportations »
M. Carlos Lopes, Secrétaire Exécutif de la Commission économique pour l’Afrique a relevé que M. Chang est la principale source d’inspiration de la CEA pour ce qui est des travaux relatifs à l’industrialisation.
« Il nous fournit un excellent dosage d’histoire et de connaissance en économie en partageant avec nous l’expérience de développement vécue par d’autres pays».
M. Chang a tenu le pari. Il a relevé que les pays n’arrivent pas souvent à valoriser ou à ajouter de la valeur à leurs produits. Pour ne pas perdre les bénéfices tirés de l’investissement initial dans l’industrialisation, les pays doivent mettre leurs industries à jour et créer leurs propres chaines de valeur afin d’être plus compétitifs à l’échelle mondiale », M. Chang a-t-il déclaré.
D’après M. Chang, pour développer leurs économies, les pays doivent recourir à une combinaison stratégique de l’économie axée sur les exportations et l’industrie naissante. Il estime que le rétrécissement de la marge de manœuvre politique souvent déploré par les Etats n’a pas rendu impossible le recourt à la politique industrielle.
Auteur de nombreux ouvrages de politique qui font l’objet de vastes débats tels que Kicking Away the Ladder et Deux ou trois choses que l'on ne vous dit jamais sur le capitalisme, M. Chang a fait observer à l’auditoire dont faisait partie M. Doyin Adedeji, fils de M. Adedeji, que M. Adabayo Adedeji était une lueur d’espoir pendant la période sombre de colonialisme en Afrique et dans d’autres régions.
En mars 2014, la CEA avait procédé au lancement de la série de conférences Adebayo Adedeji pour couronner et reconnaitre les contributions intellectuelles au développement et les services rendus à l’Afrique et à l’humanité par le Professeur Adebayo Adedeji, Secrétaire Exécutif de la CEA de 1975-1978 et Sous-Secrétaire Général des Nations Unies de 1978 à 1991.
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