Un nouveau rapport de l’ONU révèle que la faim progresse en Afrique

Addis-Abeba, Éthiopie, le 13 février 2019 (CEA) - Un nouveau rapport des Nations Unies révèle que la faim est en progression en Afrique après des années de recul pour plusieurs raisons, notamment des conditions économiques mondiales difficiles, des conditions climatiques défavorables causées par El Niño et la flambée des prix des produits de base.

Intitulé Aperçu régional sur la sécurité alimentaire et la nutrition en Afrique 2018, le rapport conjoint des Nations Unies révèle que la prévalence de la malnutrition continue d’augmenter et touche maintenant 20% de la population du continent, plus que dans toute autre région.

Après des années de déclin, les statistiques récentes du rapport conjoint de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) montrent que la malnutrition touche 821 millions de personnes dans le monde.

Parmi eux, 257 millions sont en Afrique, dont 237 millions en Afrique subsaharienne et 20 millions en Afrique du Nord. Par rapport à 2015, il y a eu une hausse de 34,5 millions de personnes en Afrique.

Près de la moitié de la hausse est due à l’augmentation du nombre de personnes souffrant de la malnutrition en Afrique de l’Ouest, tandis qu’un autre tiers provient de l’Afrique de l’Est.

Giovanie Biha, Secrétaire exécutive adjointe de la CEA, déclare dans son discours que le rapport tire la sonnette d’alarme pour le continent, ajoutant qu’à ce rythme, l’Afrique ne semble pas être sur la bonne voie de réaliser le deuxième objectif du développement durable, qui consiste à éradiquer la faim.

« Il est intéressant de noter que les économies africaines ont connu une croissance impressionnante à des taux dépassant souvent les cinq pour cent au cours de la dernière décennie allant de 2004 à 2014. Cependant, la pauvreté et la faim persistent, la croissance économique significative n’ayant pas été une croissance intégrée et inclusive », déclare-t-elle.

Elle dit que pour atteindre les ODD d’ici 2030, y compris l’ODD 2, l’Afrique doit adopter des réformes qui aident à renforcer la résilience et à augmenter son potentiel de croissance et la rendre davantage incluse.

Pour y parvenir, il faut des politiques visant à renforcer les efforts de transformation structurelle du continent et faciliter la redistribution de la main-d’œuvre et du capital vers des secteurs plus productifs des économies nationales, y compris moderniser le secteur agricole.

L’insécurité alimentaire dans certains pays d’Afrique a été aggravée par les conflits, souvent associés à des conditions météorologiques défavorables, qui ont précipité des millions de personnes à recourir à une aide d’urgence.

Pour sa part, Mme Maria Helena Semedo, Directrice générale adjointe de la FAO, indique qu’il est regrettable qu’après des années de progrès, que le continent régresse dans ses efforts pour améliorer la sécurité alimentaire.

« Les responsables politiques doivent œuvrer à l’intensification des actions pour renforcer la résilience des moyens de subsistance, des systèmes alimentaires et de la nutrition des populations, face à la variabilité et aux extrêmes climatiques », informe-t-elle, ajoutant que la FAO continuera de collaborer avec ses partenaires pour lutter contre la faim sur le continent.

Sur la base des recherches menées par la CEA, les pays doivent aborder l’insécurité alimentaire et nutritionnelle dans le cadre d’une approche globale reposant sur six axes d’action principaux :

  • gérer le stress hydrique, énergétique et alimentaire en vue de gérer les ressources naturelles de manière viable afin de garantir les droits à la terre et à l’eau et de créer un environnement macroéconomique propice à une utilisation rationnelle des ressources naturelles ;
  • intégrer la sécurité alimentaire dans les programmes de transformation rurale et agricole, dans le but de renforcer la résilience des habitants des zones rurales ;
  • élaborer des politiques en faveur des pauvres qui renforcent le pouvoir d’achat des pauvres ;
  • élaborer des approches nationales en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle capables de résister aux chocs et autres stress ;
  • encourager et faciliter une approche multisectorielle de la sécurité alimentaire et de la résilience par le biais de la coordination des plans et des programmes des ministères concernés ; et
  • orienter les politiques nationales de sécurité alimentaire vers une plus grande autonomie alimentaire au niveau national, dans une perspective de communauté économique sous-régionale / régionale.

 

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