Allocution d’ouverture de M. Carlos Lopes au Sommet de Dakar sur le financement des infrastructures de l’Afrique

 
Sommet de Dakar sur le financement des infrastructures de l’Afrique

 

Allocution d’ouverture  de  M. Carlos Lopes, Secrétaire général adjoint de l’ONU et Secrétaire exécutif de la CEA

 

Dakar (Sénégal), le 15 juin 2014

 

 

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

Je suis enchanté d'être ici aujourd'hui dans cette belle ville de Dakar et de participer à cet important sommet pour discuter du financement des infrastructures en Afrique. Il est bien établi que les investissements dans les infrastructures sont essentiels à la croissance économique. On estime que combler les déficits d'infrastructure de l'Afrique permettra d’augmenter de 2 % par an la croissance économique par habitant du continent et d’augmenter la productivité des entreprises de 40 %.Ce sommet tombe à point nommé car il est crucial de stimuler l'investissement dans les infrastructures pour garantir la réussite du programme de transformation économique de l'Afrique énoncé dans l’Agenda 2063 de l’Union africaine. L'esprit positif qui sous-tend l’Agenda 2063 est également un moteur de progrès dans le secteur des infrastructures.Avec l'élaboration du PIDA, l'Afrique s’est dotée d’un plan global de développement à long terme pour le développement de ses infrastructures, qui constitue une plate-forme cohérente non seulement pour l'action au niveau national, mais aussi pour la coopération avec le secteur privé et les partenaires de développement. Sur les 51 projets d'intervention prioritaire identifiés dans ce domaine, 16 ont été présélectionnés à la suite d’une réunion de groupe d'experts organisée à Lusaka par l’Agence de planification et de coordination du NEPAD, la CEA et le COMESA. Tout cela suppose de disposer des fonds nécessaires et il est appréciable que l'Afrique prenne la responsabilité de financer ses infrastructures. On ignore souvent que les pays africains financent eux-mêmes une part importante de leurs projets d'infrastructure. Les ressources intérieures représentent près de la moitié des 90 milliards de dollars dépensés au titre des projets d'infrastructure en Afrique. La part du financement national est considérable dans certains pays, comme en témoignent les exemples récents du Cabo Verde (44 %), de la Namibie (39 %), de l’Ouganda (28 %) ou encore de l'Afrique du Sud (24 %).

Les résultats de l'étude sur la mobilisation de ressources nationales pour la mise en œuvre de projets régionaux, réalisée par l'Agence du NEPAD et la CEA à l'instigation du Comité d'orientation des chefs d'État et de gouvernement du NEPAD, font également apparaître de manière évidente que les ressources à engager à cette fin sont disponibles sur le continent. Ce Sommet de Dakar promet de favoriser l’application d’une partie des recommandations qui figurent dans l’étude en question.

Par ailleurs, il est dorénavant clair que l'aptitude de l'Afrique à lever des fonds au profit des projets d'infrastructure dépend aussi dans une large mesure des normes et des cadres institutionnels mis en place à cet effet. Il nous faut donc absolument traiter certains des aspects y afférents avec toute l’efficacité requise.

On peut citer notamment la disparité flagrante des régimes juridiques en Afrique, qui a une incidence sur le financement et le développement des infrastructures, en particulier à l’échelle régionale. Les préoccupations relatives à la transparence des procédures de passation des marchés sont tout aussi importantes et il convient d’y remédier, car elles ont un effet dissuasif sur les investisseurs étrangers. De même, il est capital de veiller à ce que les autochtones soient encore en mesure d’entreprendre des projets d'ingénierie lourde. On estime que l'Afrique dépense pas moins de 4 milliards de dollars par an pour employer plus de 100 000 experts non africains à l’appui de ses projets, alors que la diaspora compte plus de 300 000 Africains hautement qualifiés, dont près de 30 000 sont titulaires d’un doctorat.

Nous avons encore besoin d’accords régionaux solides pour coordonner et harmoniser les politiques visant à mobiliser efficacement des ressources aux fins du développement des infrastructures. Il peut être bon de commencer par identifier les problèmes et promulguer des règles et règlements adaptés, notamment en ce qui concerne les partenariats public-privé, la déréglementation et la rationalisation des procédures administratives et la simplification des procédures connexes. Il est également crucial à cet égard de se doter d’un système intégré de règlement des différends.

Ce Sommet constitue un cadre parfait pour débattre de toutes ces questions afin d’imprimer un élan à la mobilisation des ressources et à la mise en œuvre effective des projets régionaux d'infrastructure qui sont à l’ordre du jour.

Je vous remercie de votre aimable attention.